« Sur le mois de septembre, nous avons comptabilisé 539 médicaments manquants », confirmait mardi Isabelle Adenot, présidente de l'Ordre des pharmaciens, dans les colonnes du Figaro. Son évaluation évoquée récemment dans pourquoidocteur, selon laquelle on allait découvrir « grâce à un nouveau logiciel pilote mis en place que ce n'est pas du tout 45 médicaments qui ont des difficultés d’approvisionnement, mais que c'est beaucoup plus ! » était donc vraie. Mais alors, pourquoi les chiffres sur les difficultés d’approvisionnement des médicaments en pharmacie donnés par l'Ordre sont si éloignés de ceux en ligne sur le site de l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) ? Explications.
L'Ansm liste les ruptures de stock des médicaments indispensables
Pour dresser son bilan, l'Agence ne répertorie que les approvisionnements d’urgence et les déclarations liées à une rupture de stock de médicaments indispensables. A l'inverse, le DP-rupture utilisé par l'Ordre est un système d'alerte permettant aux pharmaciens de remonter au laboratoire ainsi qu'à l'Ansm les informations en instantané en cas de rupture dans leurs commandes. Il s'agit donc d'une photographie plus proche de la réalité. Mais le logiciel est aussi susceptible de répertorier des médicaments manquants pouvant être remplacés facilement en officine.
Résultat, à chacun sa méthode, à chacun ses chiffres. Le site de l’Agence signale donc actuellement 45 spécialités en rupture de stock. Dans cette liste, les médicaments du système nerveux (18 %), les anti-infectieux (17 %) et les anticancéreux (11 %) sont les classes les plus concernées. Concernant la récente alerte sur le Lévothyrox, un médicament prescrit à 3 millions de Français pour réguler leur thyroïde, il est toujours menacé de rupture de stock.
Les médicaments manquants vont être toujours plus nombreux
« Les ruptures de stocks des médicaments sont un problème qui malheureusement va aller croissant. Ce phénomène mondial est très difficile à résoudre », constatait également Isabelle Adenot. La présidente de l'Ordre des pharmaciens liait ces problèmes à des défauts de fabrication. « Lorsqu'il y a eu des tremblements de terre en Italie, certaines usines étaient les seules à fabriquer certains médicaments. Quand l'usine ne peut plus fonctionner, forcément, derrière, il y a un manquant », précisait-elle.
Autre explication avancée par Isabelle Adenot, celle des grossistes répartiteurs qui, pour certains, achètent en masse des stocks de médicaments dans des pays les fabriquant à bas prix. Le but de la manoeuvre ? Revendre par la suite ces spécialités dans des pays où ils sont commercialisés plus chers. Cette ruée sur ces stocks à bas prix provoque parfois un bouleversement de la chaîne d'apprivisionnement et crée même dans certains cas, là encore, des ruptures de stocks.