- Un rapport a décortiqué l’organisation des services de l’avenue de Ségur (Paris XVe) et du centre de crise sanitaire pendant la période critique de la première vague du Covid-19.
- Le ministère de la santé opposait un refus à la demande du Parisien de communiquer ce rapport, il a été débouté en justice et obligé à le rendre public.
- Ce rapport fait le constat d’une organisation de centre de crise sanitaire « peu lisible, en externe comme en interne » et « très mouvante », ainsi que d’un processus de décision « fragmenté ».
C’est une victoire pour le droit à l’information et à la transparence : le ministère de la Santé a publié, mercredi dernier, l’audit de 205 pages qu’il avait commandé sur sa gestion du Covid-19, à la sortie du premier confinement, selon une information du Parisien.
La justice a ordonné la publication du rapport sur la gestion du Covid
Le journal en avait fait la requête il y plus de deux ans, en février 2021, sans résultat. Dans un jugement rendu le 22 février 2023, le Tribunal administratif de Paris a donc annulé la décision du ministère de ne pas le transmettre à nos confrères et a estimé que ce rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) portant sur les premiers mois de l’épidémie ne revêtait pas un caractère confidentiel.
Il est donc désormais possible à tous d’y avoir accès et le constat est pour le moins sévère. En effet, selon ses auteurs, qui se basent sur les interviews de pas moins de 375 personnes - cadres ministériels, directeurs d’agences régionales de santé (ARS), d’hôpitaux ou d’Ehpad, personnels soignants, préfets, élus, etc. : "l’organisation de la gestion de crise a connu un éclatement tel qu’au cours de la mission, aucun acteur rencontré n’a semblé en avoir une vision claire et exhaustive, quel que soit son niveau hiérarchique”.
Gestion du Covid : le gouvernement a fait preuve d'un manque d'organisation criant
Face à un événement sanitaire exceptionnel, le centre de crise de l’avenue de Ségur s’est rapidement trouvé “submergé” et “n’est pas parvenu à s’organiser de manière structurée et durable”. Ce qui a causé notamment l'oubli des 611.000 seniors résidants dans les maisons de retraite (Ehpad) durant les premières semaines de la crise, entre autres manquements, relate le Parisien.
Pour Gérald Kierzek, urgentiste, les problèmes de communication et de gestion dénoncés ne sont pas spécifiques à cette période particulière mais typiques d'un système de santé en difficulté : "Cette crise du Covid a été gérée sur le terrain avec des ordres et contre-ordres venant du haut, comme c'est le cas d'ailleurs hors crise. On a un empoisonnement par la technostructure qui est inefficace, inopérante. Oui, il y avait l’excuse de la situation exceptionnelle en 2020, mais c’est ce qu’on constate malheureusement au quotidien aujourd'hui. C'est un des éléments clé de la crise du système de santé : ordres et contre ordres en permanence, déconnexion du terrain, médecins de santé publique qui n’ont parfois de médecin que le nom… C'est dramatique.”