« On avait une hypothèse de départ qui liait un régime alimentaire acidifiant (riche en protéines animales, Ndlr) à un risque potentiel d’insulino-résistance et de syndrome métabolique, deux facteurs de risque majeurs d’apparition d’une diabète de type 2 » explique le Dr Guy Fagherazzi, auteur de l’étude publiée dans la revue Diabetologia.
Pour la 1ère fois, une analyse, française de surcroît, met en évidence un lien entre la charge acide de ce que nous mangeons et une augmentation significative du risque de diabète. En effet, certains aliments, une fois absorbés par l’organisme ont un effet acidifiant, alors que d’autres ont un effet dit, basifiant ou alcalinisant. Selon le Dr Guy Fagherazzi, les viandes, surtout de porc et de boeuf lorsqu’elles sont préparées de manière industrielle, ainsi que le fromage et les produits laitiers font partie des aliments les plus acidifiants, alors que les fruits et légumes sont au contraire, alcalinisants.
Un risque de diabète accru de 56% chez les « mangeuses » de viande
Pour mener à bien leur travaux, ces chercheurs de l’Inserm ont donc étudié l’alimentation de 66 000 femmes affiliées à la MGEN (Mutuelle Générale de l’Education nationale) pendant 14 années durant lesquelles 1372 d’entre elles ont développé un diabète de type 2. Ces épidémiologistes ont notamment montré que les 25% de femmes qui avaient l’alimentation la plus importante en viande, fromage et en produits laitiers avaient un risque augmenté de 56% de développer un diabète par rapport aux 25% de participantes qui avaient eu le régime alimentaire le plus alcalinisant.
Ecoutez le Dr Guy Fagherazzi, épidémiologiste à l’Inserm: « Ce risque était augmenté de façon plus intense chez les femmes qui avaient une corpulence normale, avec un IMC inférieur à 25. »
Un risque moins fort chez les femmes obèses ou en surpoids
Selon les auteurs de cette étude, ce risque d’apparition d’un diabète lié à une alimentation riche en protéines animales serait donc moins important chez les femmes en surpoids ou obèses. Dans le détail, alors que ce risque augmentait de 96% chez les femmes de corpulence normale mangeant des aliments à forte charge acide, ce risque était nettement plus faible (+28%) chez les femmes avec un IMC supérieur à 25. L’effet de l’alimentation sur les femmes déjà à risque de diabète du fait de leur surpoids pourraient donc être moins important. D’autre part, cette analyse étant basée sur une large cohorte de femmes, qu’en est-il de ce risque concernant les hommes ? « Les mécanismes qui sont impliqués derrière nos travaux, nos hypothèses ne sont pas sexe-dépendante. Donc, ce que l’on vient d’observer sur cette cohorte de femmes, est vraisemblablement similaire chez les hommes, » ajoute le Dr Guy Fagherazzi. Du point de vue de la santé publique, les auteurs de cette étude concèdent, qu’au vu de leurs résultats, il serait un peu préliminaire d’établir des recommandations nutritionnelles. Cependant cette équipe Inserm rappelle tout de même quelques conseils nutritionnels pour assurer un bon équilibre acido-basique dans son assiette.
Ecoutez le Dr Guy Fagherazzi : « Pour un bon équilibre acido-basique, il faudrait modérer la consommation de viande et de fromage et augmenter celle de fruits et légumes. »