"CocaKid". C’est le nom d’une étude, parue dans la revue scientifique Clinical Toxicology, qui révèle que, ces dernières années, de plus de plus d’enfants sont intoxiqués à la cocaïne. Entre 2010 et 2020, les intoxications chez les jeunes de moins de 15 ans ont été multipliées par huit. Dans une interview accordée à France3-Régions, Isabelle Claudet, cheffe du Pôle Enfants et des Urgences pédiatriques au CHU de Toulouse et auteure des recherches, signale que 46 % des enfants intoxiqués avaient moins de 6 ans, 16 % de 6 à 13 ans, 38 % plus de 14 ans.
Enfants intoxiqués à la cocaïne : les cas les plus graves recensés entre 2017 et 2020
Selon l’étude, 83 % des cas les plus graves ont été enregistrés entre 2017 et 2020. La majorité d’entre eux ont été hospitalisés. "La plupart du temps, ce sont des enfants qui sont admis via les urgences. On hospitalise que ceux qui sont symptomatiques, il y en a qui ne le sont pas du tout, heureusement. Et ensuite, ils sont hospitalisés en pédiatrie générale, en réanimation s’il y a des signes de gravité", a indiqué la pédiatre avant d’expliquer que ces cas graves sont soit liés "à une meilleure qualité" de la cocaïne, soit causés par les "produits de coupe" ou "d’autres drogues qui traînent".
D’après Isabelle Claudet, les enfants intoxiqués sont des victimes collatérales des addictions des parents. "Ils trouvent de la cocaïne à la maison qu’ils vont inhaler ou lécher, en pensant que c’est du sucre ou autre chose. (…) Et il y a depuis le confinement une forme d’ubérisation dans les modes d’achat et de livraison qui fait qu’elle arrive plus facilement dans les domiciles", a-t-elle indiqué à 20 Minutes.
Des symptômes cardiovasculaires ou neurologiques
Inhaler ou avaler de la cocaïne ne sont pas sans risques pour la santé des enfants. Chez les jeunes patients, des symptômes neurologiques ou cardiovasculaires sont essentiellement rapportés. "Les problèmes cardiovasculaires, c’est vrai surtout chez les grands. Chez les petits enfants, il y a surtout des problèmes neurologiques", ajoute la pédiatre. Dans la liste des manifestations, on retrouve une accélération du rythme cardiaque, des convulsions, une chute ou une élévation de la pression artérielle ou encore une agitation.
Pour prévenir les intoxications, Isabelle Claudet rappelle à quel point il est important d’informer les parents consommateurs sur les risques pour leurs enfants. "Quand on dit aux parents que le cannabis, qui est très banalisé, peut mettre leur enfant dans le coma, ils ne s’attendent pas du tout à ce que cela entraîne des symptômes aussi importants chez leurs enfants. Pour la cocaïne, je pense qu’ils sont aussi à 10.000 lieux d’imaginer que cela puisse être dangereux pour un petit enfant."