Les troubles cognitifs ne sont pas toujours définitifs. Les personnes atteintes de formes légères peuvent récupérer une fonction cognitive normale, mais les scientifiques ne parviennent pas à identifier comment. Dans une nouvelle étude parue dans JAMA, des chercheurs de l’université de Yale montrent que la façon de percevoir le vieillissement pourrait jouer un rôle : les personnes ayant une vision positive de l’âge ont plus de chances de se rétablir.
Âge et pensée positive : que sont les troubles cognitifs légers ?
Les troubles cognitifs légers peuvent se manifester par des problèmes de mémoire, de langage, de raisonnement ou de jugement. "Comme le nom l’indique, les problèmes sont légers — c’est-à-dire qu’ils ne sont pas aussi graves que les problèmes que vit une personne atteinte d’un trouble neurocognitif, précise la fondation canadienne Société Alzheimer. Les altérations dans les capacités cognitives ne sont souvent pas assez graves pour nuire à la vie quotidienne ou à l’autonomie de la personne."
Ces troubles augmentent le risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer ou d’un autre problème cognitif, mais parfois, ils restent stables voire s’améliorent avec les années. "La plupart des gens supposent qu'il n'y a pas de rétablissement après des troubles cognitifs légers (MCI), mais en fait, la moitié de ceux qui en souffrent se rétablit, indique Becca Levy, professeure de santé publique et de psychologie et autrice principale de l’étude. On sait peu de choses sur les raisons pour lesquelles certains se rétablissent tandis que d'autres ne le font pas." Avec son équipe, elle s’est donc intéressée aux croyances positives en matière d’âge pour comprendre leur influence potentielle sur ces troubles.
Vieillissement : comment les croyances positives permettent d'inverser le déclin cognitif ?
Pour leurs travaux, les chercheurs de Yale ont recruté 1.700 participants âgés de plus de 65 ans. "Les personnes âgées du groupe ayant des croyances positives sur l’âge, et qui ont commencé l'étude avec une cognition normale, étaient moins susceptibles de développer un MCI au cours des 12 prochaines années en comparaison à celles du groupe ayant des croyances négatives sur l'âge, quel que soit leur âge de base et leur santé physique", constatent les chercheurs. Pour les personnes atteintes de troubles cognitifs légers au début de l’étude, le fait d’avoir une vision positive du vieillissement améliorait significativement les chances de rétablissement : elles étaient 30 % plus susceptibles de retrouver une cognition normale, par rapport aux personnes ayant des a priori négatifs sur l’âge. Les chercheurs expliquent qu’ils ont aussi découvert que ces croyances positives permettaient aux participants de récupérer leur cognition jusqu'à deux ans plus tôt que ceux qui avaient des croyances négatives sur l'âge. "Cet avantage vis-à-vis de la récupération cognitive a été constaté quelle que soit la gravité initiale du MCI", précisent-ils.
Déclin cognitif : comment expliquer l'impact des pensées positives sur le vieillissement ?
Selon les auteurs, ce phénomène pourrait s’expliquer de plusieurs manières : les croyances positives en matière d'âge réduiraient le stress causé par les défis cognitifs, augmenteraient la confiance en soi sur la cognition et amélioreraient les performances cognitives. "Par conséquent, les interventions sur les croyances par rapport à l’âge, aux niveaux individuel et sociétal, pourraient augmenter le nombre de personnes capables de récupérer cognitivement, conclut Becca Levy.