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Médicaments

Pilules abortives : en France, des associations alertent sur des pénuries

Par Rafaël Andraud

L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, ainsi que des professionnels de santé, s’alarment d’une pénurie de misoprostol, une molécule utilisée pour les avortements médicamenteux, sur le territoire français.

slexp880/iStock
L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) alerte d’un risque de pénurie de misoprostol, une molécule essentielle à la réalisation des avortements médicamenteux.
Ce samedi, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, a également tiré la sonnette d’alarme dans le journal Libération à propos de “difficultés d’approvisionnement en pilules abortives type mifépristone”.
L’OTMeds regrette aussi le manque de transparence dans la gestion de cette pénurie par les autorités sanitaires françaises.

Alors que la menace de son interdiction agite les États-Unis, la France pourrait en être bientôt partiellement privée de la pilule abortive RU 486 (mifépristone). Sur son site Internet, l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) alerte d’un risque de pénurie de misoprostol, une molécule essentielle à la réalisation des avortements médicamenteux.

"Ces alertes constituent une entrave pour les personnes qui veulent avorter"

Ce samedi, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, a également tiré la sonnette d’alarme dans le journal Libération à propos de “difficultés d’approvisionnement en pilules abortives type mifépristone”. Tout comme les acteurs de terrain (associations luttant pour le droit à l’IVG, médecins libéraux et sages-femmes…), qui n’ont pas été écoutés par les autorités, selon l’OTMeds. D’après l’observatoire, les premières alertes datent du 5 mars, mais elles n’ont trouvé aucun écho à part “le silence, l’attentisme et l’amateurisme” du ministre de la Santé, François Braun.

“Ces alertes sont préoccupantes car elles constituent une entrave pour les personnes qui veulent avorter", s’inquiète Sarah Durocher, toujours dans le quotidien. “La loi française prévoit que toute personne qui souhaite avorter puisse avoir le choix de la méthode (en fonction des délais), or aujourd’hui ce n’est plus le cas”, ajoute-t-elle.

Mifépristone : manque de transparence dans la gestion de la pénurie

L’OTMeds regrette aussi le manque de transparence dans la gestion de cette pénurie par les autorités sanitaires françaises. Jérôme Martin, cofondateur de l’observatoire, souligne, toujours dans les colonnes de Libération, qu’il est en effet très compliqué d’évaluer l’ampleur des ruptures d’approvisionnement du misoprostol. Par exemple, à Lille, alors que les pilules abortives type misoprostol étaient en rupture début avril, “la situation semble depuis rétablie [..] sans que l’on sache comment”, poursuit le responsable associatif. “Est-ce que la pilule arrive à nouveau par le circuit normal ? Est-ce qu’il y a eu un rééquilibrage entre régions ?", s’interroge-t-il.

Dans son communiqué, ainsi que dans l’interview accordée à Libération, l’OTMeds apporte cependant de potentielles explications à la pénurie : le brevet qui entoure la fabrication du misoprostol et le fait que sa production se concentre sur un seul site. “S’il y a un souci industriel, une impureté sur l’un des sites, pas ou peu d’usines peuvent prendre le relais. La production est donc ralentie pendant des semaines, voire des mois", précise Jérôme Martin à Libération.