ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Contraception masculine : une nouvelle cible génétique prometteuse découverte

Reproduction

Contraception masculine : une nouvelle cible génétique prometteuse découverte

Par Rafaël Andraud

Un gène, appelé ARRDC5, présent dans le tissu testiculaire pourrait permettre de développer un nouveau contraceptif masculin très efficace et réversible pour les hommes et les animaux.

I am 3D animator artist/iStock
Des chercheurs américains ont identifié l'expression du gène, appelé ARRDC5, dans le tissu testiculaire de souris, de porcs, de bovins et d'humains.
Les souris mâles dépourvues du gène ARRDC5 produisaient 28 % de spermatozoïdes en moins et ces derniers se déplaçaient 2,8 fois plus lentement que la normale. 
Les chercheurs à l'origine de l’étude ont déposé un brevet provisoire pour le développement d'un contraceptif masculin basé sur ce gène et la protéine qu'il code.

La découverte d'un gène chez plusieurs espèces de mammifères pourrait ouvrir la voie à un contraceptif masculin très efficace, réversible et non hormonal pour les humains et les animaux.

Les chercheurs de l’université de l'État de Washington ont identifié l'expression du gène, appelé ARRDC5, dans le tissu testiculaire de souris, de porcs, de bovins et d'humains. Lorsqu'ils ont éliminé le gène chez la souris, cela a entraîné l'infertilité uniquement chez les mâles en affectant le nombre, le mouvement et la forme de leurs spermatozoïdes. Les chercheurs ont détaillé leurs découvertes dans la revue Nature Communications le 17 avril.

Le gène ARRDC5 est essentiel à la production normale du sperme

"Lorsque ce gène est inactivé ou inhibé chez les mâles, ils fabriquent des spermatozoïdes qui ne peuvent pas féconder un ovule, et c'est une cible de choix pour le développement de contraceptifs masculins", a déclaré Jon Oatley, auteur principal de l’étude et professeur à la WSU's School of Molecular Biosciences, dans un communiqué.

Dans l'étude, les souris mâles dépourvues du gène ARRDC5 produisaient 28 % de spermatozoïdes en moins et ces derniers se déplaçaient 2,8 fois plus lentement que la normale. Environ 98 % de leurs spermatozoïdes avaient des têtes et des parties médianes anormales.

L’absence du gène provoque une affection appelée oligoasthénotératospermie ou OAT. Cette condition, le diagnostic le plus courant pour l'infertilité masculine humaine, montre une diminution de la quantité de spermatozoïdes produits, une mobilité ralentie et une forme déformée de sorte que les spermatozoïdes sont incapables de fusionner avec un ovule, conduisant à l'infertilité.

L'étude indique que la protéine codée par ce gène est nécessaire à la production normale de sperme. L'équipe de Jon Oatley travaillera ensuite sur la conception d'un médicament qui inhiberait la production ou la fonction de cette protéine.

Une nouvelle méthode de contraception masculine en vue ? 

La perturbation de cette protéine ne nécessiterait aucune interférence hormonale, un obstacle majeur à la contraception masculine puisque la testostérone joue d'autres rôles au-delà de la production de sperme chez les hommes, notamment la construction de la masse osseuse et de la force musculaire ainsi que la production de globules rouges. Concevoir un médicament pour cibler cette protéine la rendrait également facilement réversible en tant que contraceptif.

"Si vous ne voulez pas anéantir la capacité de fabriquer du sperme, il suffit d'empêcher le sperme qui est fabriqué d'être fabriqué correctement. Alors, en théorie, vous pourriez retirer le médicament et le sperme recommencerait à se construire normalement”, explique Jon Oatley.

Cette nouvelle méthode de contraception pourrait aussi s'étendre aux animaux

En plus de l’opportunité que cela représente pour les hommes, cette découverte ouvre également la possibilité de développer une contraception masculine pour le bétail et de potentiellement remplacer la castration dans certains cas afin de contrôler la reproduction, ainsi que pour la faune afin de limiter la surpopulation d'une espèce par exemple. Néanmoins, l'objectif initial reste de donner aux humains plus de contrôle sur leur propre reproduction.

Les chercheurs à l'origine de l’étude ont déposé un brevet provisoire pour le développement d'un contraceptif masculin basé sur ce gène et la protéine qu'il code.