Environ 600.000 personnes en France souffrent de schizophrénie. Ce trouble psychiatrique se traduit par une perception perturbée de la réalité. Les patients présentent des manifestations productives comme des idées délirantes ou des hallucinations, des éléments passifs (isolement social et relationnel, apathie) ou encore des difficultés cognitives (trouble de la concentration, désorganisation…). Des chercheurs de l’université de Pittsburgh, en collaboration avec une équipe italienne, ont montré que les symptômes de cette pathologie complexe s’aggravent quand les rythmes de repos et d’éveil sont perturbés.
Un cycle éveil-repos plus perturbé chez les schizophrènes
Les scientifiques ont suivi 250 personnes. Parmi elles, 150 avaient des troubles du spectre de la schizophrénie : une partie des patients était hospitalisée en service de psychiatrie tandis que l’autre était en ambulatoire. Les volontaires ont porté un bracelet traquant les mouvements, qui enregistrait leur période d’activité et de repos le jour comme la nuit. En analysant les données obtenues, l’équipe a constaté que les schizophrènes ont tendance à avoir moins d'heures actives pendant la journée et passent plus de temps à dormir ou à être inactifs par rapport au groupe témoin.
Les patients résidentiels ont un sommeil plus fragmenté et des transitions plus abruptes entre le repos et l'activité par rapport au groupe ambulatoire. Ils affichent également des rythmes de repos et d'activité quotidiens plus rigides que les malades suivis en ambulatoire. De plus, ces mesures sont corrélées à un plus grand degré de symptômes, notamment une motivation réduite à interagir avec les autres et une capacité amoindrie à ressentir du plaisir.
"Notre étude montre qu'un sommeil de 12 à 15 heures peut être nocif, et il est important d'éviter de sur-prescrire des sédatifs et d'utiliser la dose la plus faible possible", explique l’auteur principal de l'étude, le psychiatre Fabio Ferrarelli dans un communiqué.
Schizophrène : un cycle de sommeil stable… mais pas trop non plus
Les chercheurs ont aussi constaté que les patients résidentiels ont des routines quotidiennes beaucoup plus stables. "Nous avons tendance à penser que les routines stables sont une bonne chose, mais lorsque ces routines deviennent trop rigides, elles peuvent présenter un problème", prévient l’expert. Les résultats, présentés dans la revue Molecular Psychiatry, montrent, en effet, que des rythmes quotidiens trop rigides sont aussi fortement corrélés à des symptômes plus sévères chez les malades.
"La régulation des cycles de sommeil et d'éveil est importante pour votre santé globale et nos découvertes peuvent également être étendues aux personnes sans problème de santé mentale sous-jacent", assure le Pr Fabio Ferrarelli. "La plupart des gens peuvent tirer bénéfice d'une meilleure hygiène de sommeil et d’une routine quotidienne incorporant de l'activité et de la variété dans leur vie quotidienne".