"La fausse couche est la raison la plus fréquente de perdre un bébé pendant la grossesse", explique l’Organisation mondiale de la santé. Cette interruption involontaire de la grossesse concerne entre 10 et 15 % des femmes enceintes. Il est parfois possible d’en connaître les causes. Mais selon Dr Yealin Chung, spécialiste de l’obstétrique et de la gynécologie au sein de l’université de Birmingham, "près de 50 % des pertes de grossesses précoces restent inexpliquées". Avec son équipe, elle a mené une étude pour comprendre les facteurs pouvant favoriser la survenue d’une fausse couche. Les résultats sont publiés dans Fertility and Sterility.
Grossesse : analyser l’alimentation des femmes pour comprendre le risque de fausse couche
"De plus en plus de données montrent que les changements de mode de vie, y compris les modifications du régime alimentaire, l'arrêt du tabac et de la consommation d’alcool, avant la conception et au début de la grossesse peuvent avoir un impact", précise-t-elle. Pour identifier l’impact de ces modifications de l’hygiène de vie, l’équipe a analysé 20 recherches consacrées aux habitudes alimentaires des femmes avant et au début de leur grossesse "pour voir si ces études montraient des preuves d'association avec un risque plus faible ou plus élevé de fausse couche". Au total, les données de près de 64.000 femmes ont été étudiées.
Alimentation : quelles conséquences sur le risque de fausse couche ?
D’après leurs conclusions, les liens entre alimentation et fausse couche se confirment. "Par rapport à une faible consommation, une forte consommation de fruits peut être associée à une réduction de 61 % du risque de fausse couche", observent les auteurs. Une alimentation riche en légumes est corrélée à une baisse de 41 % de ce risque. "Pour les produits laitiers, c'est une réduction de 37 %, 33 % pour les céréales, 19 % pour les fruits de mer et les œufs", notent-ils. Les auteurs rappellent que ces différents aliments correspondent à un régime alimentaire sain et équilibré. Or de précédentes études ont démontré les bienfaits de cette alimentation pendant la grossesse. En revanche, lorsque les chercheurs se sont intéressés à des régimes alimentaires spécifiques comme l’alimentation méditerranéenne, ils n’ont pas observé de lien avec le risque de fausse couche. "Il a été démontré qu'une alimentation riche en aliments transformés était associée à un doublement du risque de fausse couche", ajoutent les scientifiques.
Fausse couche : de nouvelles études sont nécessaires pour comprendre l’impact de l’alimentation
L’équipe de l’université de Birmingham estime toutefois que d’autres études sont nécessaires, notamment sur la nature du lien entre fausse couche et alimentation. Leurs travaux actuels montrent une association, mais pas un lien de cause à effet. Ils considèrent aussi que des recherches permettant d’estimer avec davantage de précisions les effets d’un changement d’alimentation au moment de la conception et au début de la grossesse devraient être réalisées. "Compte tenu du manque de preuves, il n'y a pas de lignes directrices (…) fournissant des conseils diététiques pour les femmes et les personnes qui accouchent ou leurs partenaires, souligne Juliette Ward, sage-femme au centre de recherche sur les fausses couches Tommy’s de l’université de Birmingham. Ce que les résultats de cette revue suggèrent pourrait avoir un impact réel pour aider les gens à réduire le risque de fausse couche."