La prise en charge du diabète est trop chère pour bon nombre de malades ! L'étude Entred 2007 (1), publiée il y a quelques jours dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), révélait, en effet, que de nombreux diabétiques renoncent à des soins pour raison économique. Inquiétant, d'autant plus que cette étude indiquait aussi qu' un diabétique sur deux seuelment est en équilibre glycémique.
54 % des malades en difficulté financière
Cette maladie affecte évidemment la santé mais elle pèse en plus sur le porte-monnaie des malades. L'enqueête de l'Institut de veille sanitaire (InVS) souligne que 54 % des patients ont déclaré rencontrer des difficultés financières. Surprenant, quant on sait que plus de 90 % d'entre eux bénéficiaient d’une inscription en affection de longue durée (ALD) -qui permet une prise en charge à 100 %- et 88 % d’une couverture complémentaire.
Malgré ce dispositif, « Trois postes étaient plus concernés par le reste à charge : médicaments, dispositifs et soins dentaires », notaient les auteurs de l’enquête. Ces derniers ont aussi observé d’autres formes de reste à charge, dues à des consultations de diététique, des soins chez le podologue, le psychologue, ainsi que des dispositifs non remboursés.
Résultat, le reste à charge de ces malades, au sens de l’assurance maladie obligatoire, s’élevait en moyenne à 660 euros par an (médiane : 434 euros), soit 12 % des dépenses présentées au remboursement dans le diabète de type 2 et 6,3 % dans le type 1.
1 patient sur 5 renonce a des soins
Les chercheurs ont aussi constaté que les malades déclaraient renoncer à des soins. D’après les données de cette étude, 23 % des patients diabétiques de type 1 et 17 % des patients diabétiques de type 2 déclaraient avoir renoncé à au moins un service de santé à cause de son prix sur l’année écoulée. Les renoncements concernaient plus fréquemment les soins de pédicurie ou de podologie, les soins dentaires et plus particulièrement les traitements prothétiques, et enfin les consultations diététiques.
« La couverture maladie des patients diabétiques, bien qu’apparemment très complète, reste imparfaite en France, soulignait le Dr Bruno Detournay, co-auteur de l’étude.
Ces renoncements aux soins s’expliquent à la fois par des raisons financières (certains pans de la prise en charge des patients diabétiques restant non remboursés) et, sans doute, par des raisons non financières (complexité des dispositifs de protection sociale, choix assurantiels par exemple). »
Il faut noter cependant que depuis le 24 mai 2013, les séances de podologie sont prises en charge par l’assurance maladie.
Plus d'hospitalisations à cause des contraintes économiques
Enfin, la situation économique et sociale du malade a aussi un impact sur le développement de la maladie. Ainsi, une autre étude publiée dans le BEH, consacrée aux hospitalisations des diabétiques, rapporte que les adultes malades ayant des difficultés financières font des séjours à l’hôpital plus fréquents et de durées plus longues.
Pour l’expliquer, les auteurs avancent plusieurs hypothèses : une mise sous insuline plus difficile, des difficultés sociales empêchant le retour à domicile, une éducation thérapeutique plus compliquée et des bilans plus longs. Ces personnes présentent plus de complications que les autres : plaie au pied plus grave, atteintes cardiaques dont la prise en charge nécessite le plus souvent de longs séjours en milieu hospitalier.
Cette inégalité est aussi retrouvée chez les enfants. Les enfants diabétiques sous le régime de la CMU sont plus souvent hospitalisés pour complications aiguës du diabète que les autres enfants diabétiques. Ce fait pourrait résulter à la fois d’une demande d’accès aux soins tardive, de la nécessité d’une prise en charge globale à l’hôpital des patients lorsque les conditions de vie peuvent menacer l’efficacité des soins prescrits, ou de raisons liées au coût des soins.
(1) Échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques