"Après plus de deux années de faible incidence pendant la pandémie de COVID-19, une recrudescence des infections invasives à méningocoque (IIM) a été observée au cours de la saison 2022/23", constate Santé Publique France dans un communiqué. Le pic a été atteint dès le mois de décembre, mais le nombre de cas est resté élevé au début de l’année 2023, en comparaison aux années "pré-pandémiques". Cette recrudescence des cas pourrait inciter les autorités sanitaires à formuler de nouvelles recommandations.
Méningite : comment expliquer l’augmentation des cas ?
Pour Santé Publique France, ce rebond n’est pas un "phénomène inattendu" car les deux années précédentes ont été marquées par une faible circulation des méningocoques, responsables de la méningite. L’agence nationale de santé formule deux hypothèses pour expliquer cette recrudescence : "un risque d’infection plus élevé qui résulte d’une immunité diminuée dans la population ayant été moins exposée aux méningocoques entre 2020 et 2022 (gestes barrières, distanciation)" et "une saison plus marquée en lien avec l’ampleur des épidémies d’infections virales saisonnières en 2022/23, en particulier les infections par le virus de la grippe, qui peuvent entrainer un risque d’infection invasive bactérienne (méningocoques, streptocoques)".
Face à la multiplication des contaminations dans certaines régions, les autorités sanitaires locales ont pris des mesures. Par exemple, dans le secteur de l’Est Lyonnais ou dans le Nord de l’Isère, une flambée des cas a été observée, ce qui a conduit l’Agence régionale de santé à émettre de nouvelles recommandations concernant la vaccination. "Si les enfants âgés de 0 à 2 ans sont déjà partout concernés par ce vaccin, le remboursement a été étendu aux 16-24 ans, la tranche d'âge de loin la plus touchée dans l'Est lyonnais jusqu’ici, explique France Bleu Isère. Des lettres ont d'ailleurs été envoyées dans les foyers des 5.000 jeunes de cette tranche d'âge sur les dix communes au cœur du phénomène."
Vaccination : quelles pourraient être les nouvelles recommandations concernant la méningite ?
De fait, aujourd’hui, la vaccination contre le méningocoque C est obligatoire pour les nourrissons nés à partir de 2018 : la première dose est administrée à l’âge de 5 mois. "Cette vaccination est recommandée chez les personnes non vaccinées jusqu’à l’âge de 24 ans", précise Vaccination Info Service. Les autres vaccins qui concernent différentes formes de méningocoques sont uniquement recommandés : celui contre les méningocoques de sérogroupe B est conseillé pour tous les nourrissons jusqu’à deux ans. "Il existe également des vaccins contre les infections à méningocoques de sérogroupes A, C, Y et W (vaccins tétravalents ACYW135), ajoute Vaccination Info Service. Un vaccin bivalent contre les méningocoques A et C est disponible mais il n’est réservé qu’à des situations particulières chez des nourrissons de 6 mois à 1 an."
Face à la recrudescence des cas, les obligations vaccinales pourraient évoluer. Selon des informations du quotidien Le Monde, "la Haute autorité de santé travaille actuellement à de nouvelles recommandations". "Le plus simple et urgent à faire est de remplacer la deuxième dose de vaccin contre le méningocoque C à 12 mois par une dose de tétravalent", estime Muhamed-Kheir Taha, directeur de l’unité infections bactériennes invasives à l’Institut Pasteur de Paris, dans l’article du Monde. Ce vaccin offre une protection contre les méningocoques de type A, C, W et Y. D’après le quotidien national, les travaux de la HAS concernant les nouvelles recommandations vaccinales devraient aboutir "probablement avant l’été".