Le cholestérol et les statines sont décidément abonnés aux polémiques. Après celle suscitée par le livre des Prs Even et Debré, ce sont les recommandations des deux plus importantes sociétés nord-américaines de cardiologie qui font débat. Il faut dire qu’elles marquent un virage à 45° avec les précédentes recommandations. pourquoidocteur dresse la liste des principales nouveautés dans la prise en charge des dyslipidémies, préconisées par l'American College of Cardiology et l'American Hearth Association.
La fin des objectifs chiffrés de « mauvais cholestérol »
Jusqu’à maintenant, les cardiologues américains – mais aussi européens - cherchaient à passer en dessous du seuil de 100mg/dl de LDL cholestérol, et même sous la barre des 0,7g/L pour certaines catégories de patients. Exit ces objectifs chiffrés. Pour les deux sociétés savantes américaines, L’objectif général est d’abaisser le LDL-cholestérol d’au moins 50%. Un changement radical de stratégie qui se justifie, selon les auteurs de ces recommandations, parce qu’aucune étude n’aurait prouvé l’efficacité de l’augmentation des doses de statines. Le dogme qui voulait que plus le taux de cholestérol est bas, mieux c’est, est enterré.
Ecoutez le Pr François Philippe, cardiologue à l'Institut mutualiste Montsouris (Paris) : "En finir avec des objectifs chiffrés rigides me semble intéressant parce qu'on sait, dans la pratique, que ce n'est pas tenable."
Les 4 types de patients à traiter par statines
Pour les cardiologues américains, 4 groupes de malades doivent bénéficier d’un traitement par statines.
- Ceux qui ont une maladie cardiovasculaire avérée, c’est à dire qui ont déjà souffert d’un infarctus, d’un AVC, ou de toute autre maladie liée à l’athéroslérose (dépôt de lipides sur la paroi des artères).
- Ceux dont le taux de LDL est supérieurs à 190mg/dl, comme dans les hypercholestérolémies familiales,
- Les diabétiques entre 40 et 75 ans qui ont un taux de mauvais cholestérol compris entre 70 et 189mg/dl,
- Ceux qui ont un taux de LDL entre 70 et 189mg/dl, pas de diabète, pas de maladie cardiovasculaire mais un risque de faire une maladie cardiovasculaire dans les 10 ans estimé à 7,5%, et non pas à 10% comme c’était le cas avec les précédentes recommandations.
Ecoutez le Pr François Philippe : "Mettre tous les diabétiques dans les groupes à risques me semble étonnant."
2 fois plus de personnes sous statines ?
Si l’abandon des objectifs chiffrés est plutôt bien accueilli, l’identification de ces quatre profils de patients à risques devant bénéficier d’un traitement par statines ne fait pas l’unanimité. En effet, les cardiologues américains recommandent la plupart du temps de frapper fort. Un traitement intensif, avec des fortes doses de statines d’emblée, est le mot d’ordre. Et même en prévention primaire, lorsqu’il n’y a ni diabète, ni maladie cardiovasculaire. De nombreux experts estiment qu’une telle stratégie pourrait faire doubler le nombre de personnes sous statines.