Les travaux des chercheurs de l’Université de Tolède (Espagne), parus dans la revue PNAS Nexus, pointent du doigt le rôle des pyréthrinoïdes dans le développement de troubles du neurodéveloppement. Selon leurs analyses, ce pesticide peut avoir un effet néfaste, même à des niveaux inférieurs, reconnus sûrs par les autorités.
Autisme : une exposition au pyréthrinoïde peut être à risque
L’équipe a exposé des souris pendant la grossesse et l'allaitement au deltaméthrine, un pyréthrinoïde utilisé comme insecticide en raison de ses propriétés neurotoxiques. Les rongeurs recevaient une dose de 3 mg/kg, une concentration inférieure au taux de référence préconisé par les réglementations. La progéniture des animaux a ensuite été testée.
Les chercheurs ont découvert que les petits présentaient une hyperactivité accrue et des comportements répétitifs, moins de vocalisation et étaient plus susceptibles d'échouer aux tests d'apprentissage de base par rapport au groupe témoin. Les jeunes souris présentaient aussi des perturbations dans leur système dopaminergique.
"Ces (signes) sont tous similaires aux symptômes que les patients humains atteints de troubles neurodéveloppementaux pourraient avoir", a expliqué Dr James Burkett, auteur de l’étude. "Nous ne disons pas que ces souris sont autistes ou qu'elles souffrent de TDAH. Ce n'est pas le but ici. Ce que nous disons, c'est que quelque chose dans leur cerveau a été modifié par cette exposition et que cela entraîne les mêmes types de comportements que nous voyons chez des enfants autistes".
Pyréthrinoïdes : il faudrait réévaluer les niveaux de sécurité
Jusqu’à présent, la recherche analysant les mécanismes des troubles du spectre de l’autisme, s’était surtout concentrée sur la génétique. "Mais on s'est rendu compte qu'il y avait aussi un élément environnemental important. Malheureusement, ces facteurs sont très mal compris. C'est pourquoi ce type de recherche est si important. Vous ne pouvez pas modifier la génétique de quelqu'un, mais vous pouvez vous attaquer aux facteurs environnementaux", explique l’expert dans un communiqué de l'université espagnole.
Les pyréthrinoïdes ne sont pas la seule classe de pesticides qui ont été liés à l'autisme, et les scientifiques conviennent que le développement du trouble nécessite plus d'un seul déclencheur. "Cette recherche représente une pièce du puzzle. Ce n'est pas une preuve définitive que le pesticide est dangereux ou provoque directement l'autisme chez l'homme", ajoute le Dr Burkett. "Cela peut cependant suggérer que le niveau de sécurité du pesticide doit être revu pour les femmes enceintes et les enfants."
"Cette étude s'ajoute à un nombre croissant de publications selon lesquelles les pyréthrinoïdes largement utilisés ne sont pas sans effets indésirables et devraient être évalués plus avant pour leur sécurité", précise le Dr Gary Miller de Columbia University et co-auteur de l'étude.