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Infections respiratoires : l’éthanol, un nouveau remède ?

Par Margot Montpezat

L'inhalation de faibles concentrations de vapeur d'éthanol peut neutraliser le virus de la grippe chez les souris, sans effets secondaires nocifs, selon une nouvelle étude.

zsv3207/iStock
Des souris traitées à la vapeur d'éthanol ont été protégées contre le virus de la grippe.
Le test sur des imitations de cellules pulmonaires humaines en laboratoire a été concluant.
D’après les scientifiques, cette méthode d'inhalation de vapeur d'éthanol pourrait éventuellement arrêter une pandémie de maladies infectieuses à l'avenir.

L’éthanol est connu pour être un désinfectant externe efficace mais ses vertus ne s’arrêtent pas là : il permettrait également de désactiver des virus à l'intérieur du corps ! C’est ce qu'ont en effet observé des chercheurs de l'Institut des sciences et technologies d'Okinawa (OIST) au Japon, lors de travaux de recherche sur des souris. L'étude a été publiée dans The Journal of Infectious Diseases.

Respirer de la vapeur d'éthanol pour protéger de la grippe ? 

D’après les scientifiques, les souris traitées à la vapeur d'éthanol lors de l'expérience ont été protégées contre les infections respiratoires létales causées par le virus de la grippe A, un des responsables des épidémies de grippe saisonnière. En utilisant un humidificateur pour produire de la vapeur d'éthanol dans un petit récipient, ils ont découvert que lorsque des souris infectées par la grippe A inhalaient la vapeur pendant dix minutes, le virus était inactivé.

Les chercheurs ont remarqué que le virus de la grippe A s'accumule dans une fine couche de liquide recouvrant les cellules pulmonaires qui protègent la surface des voies respiratoires. Selon eux, pour traiter l’infection avec succès chez l’homme, la vapeur d'éthanol doit augmenter les concentrations d'éthanol dans ce liquide jusqu'à 20 % : "Cette concentration n'est pas toxique pour les cellules pulmonaires créées en laboratoire pour imiter les cellules humaines. À la température du corps, l'éthanol à 20 % peut non seulement inactiver le virus de la grippe A à l'extérieur des cellules en une minute, mais aussi empêcher le virus de se répliquer à l'intérieur de ces cellules”, expliquent les chercheurs.

L'éthanol pourrait permettre de lutter contre les infections respiratoires 

Cette découverte pourrait permettre de lutter efficacement contre la grippe, dont les conséquences peuvent être importantes pour les plus fragiles. En effet, d’après la Fondation pour la Recherche Médicale, la plupart des complications de la grippe concernent l’appareil respiratoire et sont souvent dues à une surinfection bactérienne, qui peut être mortelle. "La grippe peut aussi aggraver une maladie chronique déjà présente. C’est pourquoi les personnes diabétiques, insuffisantes cardiaques et/ou pulmonaires, les personnes atteintes de mucoviscidose ou de néphropathie sont plus sujettes aux complications”, indique la Fondation.

En outre, le virus de la grippe A possède une membrane externe, appelée enveloppe. Cette spécificité se retrouve dans tous les virus qui ont provoqué des pandémies. Ainsi l’éthanol pourrait être grandement utile pour lutter contre d’autres maladies infectieuses respiratoires : "La vapeur d'éthanol peut également inactiver d'autres virus enveloppés tels que le Covid-19", a déclaré le professeur Hiroki Ishikawa, chef de l'unité des signaux immunitaires à l'OIST. "Lorsque la prochaine pandémie surviendra, nous pourrons peut-être appliquer rapidement la thérapie par inhalation de vapeur d'éthanol pour prévenir ou guérir la maladie", a-t-il expliqué.

Il a toutefois mis en garde contre l'utilisation de l'éthanol en tant que thérapie individuelle : "Cela pourrait entraîner des effets secondaires graves ou des risques d'explosion", a-t-il déclaré, avant de conclure que l’efficacité et la sécurité de ce nouveau traitement pour les humains et les autres mammifères doivent être soigneusement évaluées à l'avenir.