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Recherche scientifique

Comment le gaz hilarant produit des effets psychédéliques

Par Margot Montpezat

Des chercheurs ont étudié les effets psychédéliques du protoxyde d'azote, utilisé cliniquement comme anesthésique pour atténuer la douleur depuis le XIXe siècle, et familièrement appelé gaz hilarant.

vzmaze/iStock
Des chercheurs ont étudié les effets du “gaz hilarant” sur le cerveau.
Comme pour la LSD et la kétamine, le protoxyde d'azote entraîne un état de conscience altérée visible par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle cérébrale (ou IRMf).
L’usage détourné du protoxyde d’azote est un phénomène dangereux identifié depuis plusieurs décennies notamment dans le milieu festif et a fait l’objet de signalements de dommages corporels graves.

Des effets sur le cerveau similaires à des drogues psychédéliques comme le LSD ou encore la kétamine : voilà la découverte d’une équipe de chercheurs américains du Michigan Psychedelic Center, qui a examiné de près la neurobiologie du protoxyde d'azote pour une nouvelle étude.

L'usage détourné du protoxyde d'azote est dangereux

Utilisé à l’origine comme anesthésique, le protoxyde d'azote, appelé également "gaz hilarant" est de plus en plus détourné de son usage médical, non sans risques, rappelle la Mission gouvernementale de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) qui rapporte plusieurs dizaines de cas graves au cours des deux dernières années :

"Des risques immédiats : asphyxie par manque d’oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé, désorientation, vertiges, chutes notamment. En cas de consommations répétées et à intervalles rapprochés et / ou à fortes doses, de sévères troubles neurologiques, hématologiques, psychiatriques ou cardiaques peuvent survenir”.

Ce gaz est vendu sous la forme de cartouches (pour les siphons à chantilly par exemple) ou de bonbonnes dans les commerces de proximité (épiceries, supermarchés) et sur internet. Son usage détourné consiste à inhaler le gaz par le biais d’un ballon, après avoir "cracké" la cartouche pour l’ouvrir. Le produit, bon marché, est consommé par certains adolescents et jeunes adultes qui recherchent l’effet rapide, fugace, euphorisant et les distorsions sensorielles ressenties avec ce produit, indique la Mildeca.

En effet, il peut induire en petite quantité des expériences mentales altérées, notamment des sentiments de béatitude, de spiritualité et l'impression d'être hors de son corps, un peu comme ceux induits par les substances psychédéliques que sont le LSD et la kétamine.

Le "gaz hilarant" touche certaines parties du cerveau

Et les similitudes ne s’arrêtent pas là, selon les chercheurs américains. D'après leur étude, les participants sous l'influence de chaque drogue psychédélique présentaient dans le cerveau une diminution de la connectivité au sein d'un réseau particulier, et une augmentation de la connectivité entre différents réseaux. Ainsi, chaque drogue a augmenté la connectivité sous forme de noeuds entre la jonction temporo-pariétale droite et le sillon intrapariétal dans les deux hémisphères du cerveau, ainsi qu'entre le précuneus et le sillon intrapariétal gauche, détaillent les scientifiques.

"Ces nœuds sont situés dans ce que l'on appelle la "zone chaude" corticale du cerveau, une zone considérée comme essentielle pour déterminer le contenu de l'expérience consciente. Cela pourrait contribuer à expliquer les états de conscience altérés décrits par les personnes ayant consommé ces substances psychédéliques”, écrivent-ils.