- Des chercheurs allemands ont découvert un outil thérapeutique axé sur la conscience émotionnelle qui augmente l'activation et la connectivité d'un centre de régulation des émotions dans le cerveau, l'amygdale.
- La thérapie peut être efficace dans le traitement à long terme et la prévention des rechutes du trouble bipolaire.
- Des études sur un panel plus large seront nécessaires pour s'assurer que l'efficacité de cette thérapie fonctionne à plus grande échelle.
De récentes recherches ont permis d'identifier un outil thérapeutique axé sur la conscience émotionnelle qui augmente l'activation et la connectivité d'un centre de régulation des émotions dans le cerveau. La thérapie peut être efficace dans le traitement à long terme et la prévention des rechutes du trouble bipolaire.
Les patients atteints de trouble bipolaire éprouvent des états d'humeur extrêmes alternants généralement entre manie, dépression et fonctionnement social altéré. Les mécanismes complexes de cette pathologie la rendent difficile à traiter, nécessitant souvent une combinaison de médicaments et d’interventions comportementales, ce qui peut prendre des années aux patients pour aller mieux.
Les patients bipolaires ont un fonctionnement de l'amygdale altéré
Les chercheurs de l'université de médecine de l'hôpital de la Charité de Berlin en Allemagne ont étudié l'impact de deux interventions psychothérapeutiques sur les symptômes du trouble bipolaire et sur l'activation et la connectivité de l'amygdale avec d'autres régions cérébrales liées aux émotions à l'aide de l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
L'amygdale est une partie du cerveau qui aide à réguler les émotions et à détecter les stimuli pour déclencher une réaction comportementale. La recherche a montré que les patients bipolaires (en dehors d'un épisode maniaque) présentent une activation et une connectivité fonctionnelle de l'amygdale altérées.
Dans une intervention, 28 patients ont subi une thérapie centrée sur les émotions où ils ont été guidés pour percevoir et étiqueter leurs émotions sans évitement ni suppression. La deuxième intervention, dispensée à 31 participants, était une thérapie cognitivo-comportementale spécifique axée sur la pratique d'interventions sociales.
Trouble bipolaire : la thérapie conduit à un meilleur traitement des émotions
Les chercheurs ont enregistré les symptômes des patients à l'aide d'un entretien d'évaluation pendant 24 semaines avant le traitement, puis tout au long du suivi, puis six mois après, et enfin entre six et 12 mois après le traitement. L'évaluation a produit des mesures hebdomadaires distinctes de la manie et de la dépression sur une échelle de 1 à 6 allant de l'absence de signes (1) à des symptômes psychotiques ou à des troubles fonctionnels graves (6). 17 participants de chaque groupe ont subi une IRMf tout en effectuant une tâche liée aux émotions, tout comme 32 sujets témoins en bonne santé.
"Conformément à nos attentes, les patients participant à la thérapie centrée sur les émotions ont montré une activation et une connectivité accrues de l'amygdale après l'intervention par rapport aux patients recevant l'intervention cognitivo-comportementale, ce qui peut refléter un meilleur traitement des émotions et une tolérance accrue aux effets négatifs des émotions”, a déclaré la Dr Kristina Meyer, co-autrice principale de l’étude, dans un communiqué. En revanche, les participants de l'intervention cognitivo-comportementale ont démontré une activation accrue des régions cérébrales liées à la fonction sociale, mais pas une activité amygdale altérée.