- L'équilibre des micro-organismes présents dans les intestins fluctue en fonction de l’heure de la journée et des saisons.
- Les changements quotidiens seraient provoqués par l'apport en nutriments et en eau, ainsi que par les périodes de repos et d'activité.
- Quant aux variations saisonnières, elles pourraient être causées par les changements de lumière, l'exposition au pollen, l'humidité ou la température.
Il serait bien plus dynamique que l’on ne le pensait. Le microbiote intestinal présente des fluctuations quotidiennes et saisonnières. C’est ce qu’ont révélé des chercheurs de l’université de Californie à San Diego (États-Unis) lors du congrès Digestive Disease Week (DDW). Pour parvenir à cette conclusion, ils ont réalisé une étude, dans laquelle ils ont utilisé les données d'environ 20.000 échantillons de selles collectés par l'American Gut Project pour examiner leur composition bactérienne.
Microbiote intestinal : des cycles quotidiens et saisonniers
En analysant l'heure, la date et le lieu de la collecte, les scientifiques ont constaté que 57 % des phyla bactériens ont un cycle distinct de 24 heures. "Par exemple, les niveaux d'Actinobacteriota étaient plus faibles dans les échantillons prélevés le matin et beaucoup plus élevés dans les échantillons prélevés vers la fin de la journée", ont précisé les auteurs. Selon l’analyse, les fluctuations saisonnières étaient encore plus prononcées, par exemple, les niveaux de Proteobacteria ont constamment baissé pendant l'hiver et ont régulièrement augmenté jusqu'à atteindre un pic pendant l'été. "Les pourcentages de bactéries changent considérablement. Et si les proportions de chaque élément sont différentes, il s'agit d'un microbiome différent", a déclaré Carolina Dantas Machado, auteure des travaux.
L'alimentation et le sommeil seraient à l’origine des fluctuations quotidiennes
L’équipe pense que l'alimentation et le sommeil sont probablement des facteurs importants dans les changements intestinaux quotidiens. Tout au long de la journée, les populations bactériennes pourraient être affectées par l'apport en nutriments et en eau, ainsi que par les périodes de repos et d'activité. "Les fluctuations saisonnières sont plus difficiles à expliquer, mais les changements de lumière, l'exposition au pollen, l'humidité et la température pourraient y contribuer."
D’après Amir Zarrinpar, co-auteur de l’étude, il est encore trop tôt pour intégrer ces résultats dans des recommandations exploitables pour les cliniciens ou les patients. Cependant, il insiste sur le fait que les chercheurs doivent tenir compte de ces types de fluctuations lorsqu'ils mènent des recherches sur le microbiote.
Mieux comprendre le microbiote intestinal pour mieux l’utiliser
L’équipe espère que ces travaux permettront de mieux comprendre le lien entre le microbiome et les pathologies. "De nombreuses maladies (allergies, infections respiratoires, diarrhées infectieuses) présentent des variations saisonnières. Nos données suggèrent maintenant que toutes ces affections surviennent dans le contexte d'un microbiome différent", a indiqué Amir Zarrinpar. "Les bactéries remplissent de nombreuses fonctions importantes, comme la métabolisation des aliments que nous mangeons et de certains médicaments. Plus nous comprenons le microbiome, plus nous pouvons comprendre comment mieux l'utiliser pour influencer notre santé", a conclu Carolina Dantas Machado.