Des vaccins pour tous types de maladies d’ici cinq ans ? C’est la promesse des chercheurs de Pfizer et Moderna, les laboratoires mis en lumière par la pandémie de Covid-19.
Le vaccin Covid-19 a accéléré la recherche scientifique
En effet, la lutte contre le Covid-19 a renforcé la recherche autour des vaccins ARN messager et des millions de vies pourraient être sauvées grâce à une série de nouveaux vaccins révolutionnaires de ce type contre le cancer, les maladies cardiovasculaires et auto-immunes d'ici 2030, peut-on lire dans Science et Avenir.
"Notre approche globale de la recherche et du développement en matière d'ARNm a connu une grande avancée. En un an, nous avons acquis des connaissances scientifiques dignes d'une décennie", a déclaré un porte-parole de Pfizer.
Cette technologie de vaccination ARNm consiste à faire produire les fragments d’agents infectieux directement par les cellules de l’individu vacciné, indique l’Inserm. “Pour cela, ce n’est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement l’information, sous la forme de molécules d’ADN ou d’ARN, permettant de produire les antigènes (protéines) de l’agent pathogène Les cellules de la personne vaccinée localisées au niveau du site d’injection (principalement les cellules du système immunitaire) sont alors en mesure de fabriquer elles-mêmes lesdites protéines, choisies en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire protective capable de neutraliser le virus.”
En outre, son mode de synthétisation chimique (comparé à la fabrication biologique des vaccins traditionnels), rend possible sa production massive et rapide.
Un vaccin pour chaque tumeur cancéreuse ?
Les chercheurs sont aujourd’hui confiants : les vaccins à ARN messager (ARNm) pourraient prochainement s’attaquer aux cancers.
Début 2023, Moderna a ainsi annoncé le lancement de la phase III d'un essai portant sur son vaccin contre le mélanome (cancer de la peau) à base d'ARNm, qui a déjà donné des résultats plus qu’encourageants. En effet, administré en même temps que le médicament d'immunothérapie Keytruda, il a permis de réduire de 44 % le risque de décès ou de réapparition du cancer, par rapport à l'administration de Keytruda seul.
Les chercheurs prévoient même de personnaliser le vaccin à chaque tumeur spécifique puisqu’il serait capable d’activer les lymphocytes T et de mieux reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. Les lymphocytes T cytotoxiques (CTL) sont des cellules tueuses essentielles dans la réponse immunitaire contre les virus et les cancers.
Ce vaccin anticancéreux personnalisé a d’ailleurs été désigné comme “thérapie innovante” par la Food Drug Administration (FDA) des Etats-Unis, ce qui permet d'accélérer son examen réglementaire et sa potentielle mise sur le marché.
Grippe, mucoviscidose, bronchiolite… les vaccins à ARNm pourraient traiter ces maladies
Au-delà des cancers, ce modèle de vaccins serait en outre applicable à plusieurs types de maladie : la grippe, le zona, le virus respiratoire syncytial (VRS) - responsable de la bronchiolite et de la pneumonie, ou encore la mucoviscidose... et d’autres maladies infectieuses comme le virus Zika et le cytomégalovirus, un virus de la même famille que celui du bouton de fièvre, de l'herpès génital ou de la varicelle.
Trois essais préliminaires de trois vaccins expérimentaux à ARNm contre le VIH ont également été lancés par l'Institut national de la santé des États-Unis.
Ces avancées restent toutefois conditionnées à la poursuite des financements alloués à la recherche pendant la crise sanitaire, préviennent les chercheurs.