- Certaines études affirment que le déclenchement de l'accouchement réduit le risque de césarienne.
- De nouveaux travaux contredisent cette affirmation.
- Cela pourrait être lié à la manière dont les données sont récoltées.
Plusieurs facteurs peuvent conduire à un déclenchement de l’accouchement. Cela peut-être pour des raisons médicales, un dépassement du terme ou encore à cause de la rupture de la poche des eaux. "Le déclenchement artificiel du travail consiste à provoquer des contractions de l’utérus pour faire démarrer le travail, c'est-à-dire le processus qui aboutit à l’accouchement", précise la Haute autorité de santé. Depuis longtemps, les scientifiques s’interrogent sur les effets de cette décision médicale : est-elle meilleure qu’un accouchement non-déclenché ? Selon une nouvelle étude, parue dans American Journal of Perinatology, le déclenchement du travail ne réduit pas systématiquement le risque de césarienne.
Le déclenchement du travail augmente-t-il le risque de césarienne ?
"Certaines personnes ont suggéré qu'après 39 semaines de gestation, l'induction médicale du travail devrait être une pratique courante", explique l'autrice principale de cette recherche, Elizabeth Langen, chercheuse au Von Voigtlander Women's Hospital de l’université du Michigan. "Nous avons collaboré avec des hôpitaux partenaires pour mieux comprendre comment le déclenchement du travail peut avoir une influence sur le risque de césarienne dans les maternités du monde réel, en dehors d'un essai clinique." Avec son équipe, ils ont analysé les données de 74 hôpitaux américains : au total, ils se sont intéressés à 14.135 accouchements. Ils ont comparé leurs résultats à ceux d’une précédente recherche appelée ARRIVE : celle-ci avait démontré que le déclenchement à 39 semaines de gestation dans les premières grossesses à faible risque entraînait un taux plus faible d'accouchements par césarienne par rapport à un accouchement sans déclenchement. "Nous avons conçu un cadre analytique reflétant le protocole de l'essai précédent en utilisant des données rétrospectives, mais nos résultats n'ont pas renforcé le lien entre le travail induit électif en fin de grossesse et une réduction des naissances par césarienne", constate Lisa Kane Low, co-autrice de l’étude. En somme, dans cet échantillon, le déclenchement du travail ne réduisait pas le risque d'accouchement par césarienne. Les femmes concernées étaient même plus à risque : "les femmes qui ont subi une induction élective étaient plus susceptibles d'avoir une césarienne que celles qui ont subi une prise en charge non interventionniste (30 % contre 24 %)", notent les auteurs. Une analyse plus fine dans un sous-groupe a démontré un niveau de risque similaire entre accouchement déclenché ou non-déclenché.
Déclenchement de l’accouchement et césarienne : pourquoi les résultats sont contradictoires ?
Selon les scientifiques, plusieurs raisons peuvent expliquer ces différences de résultat. Mais un facteur peut avoir beaucoup d’influence : la nature de l’étude. De fait, cette dernière recherche est un recueil de données en temps réel, alors que l’étude ARRIVE était un essai clinique. "L'étude du Michigan a recueilli des données après les naissances (...). L'essai ARRIVE, cependant, a utilisé des données recueillies en temps réel dans le cadre d'une étude de recherche." Concernant ce dernier, 72 % des femmes approchées pour participer ont refusé. "Des recherches antérieures ont indiqué que les femmes aux États-Unis se sentent souvent obligées d'accepter que leur travail soit déclenché", notent les auteurs. "De meilleurs résultats ont peut-être été obtenus dans l'essai parce que les participantes acceptaient pleinement ce processus", estime Lisa Kane Low. Pour les auteurs, cette recherche permet toutefois de tirer une leçon : il est nécessaire de réaliser de nouveaux travaux pour comprendre comment soutenir au mieux les femmes lorsque leur accouchement est déclenché.