81 % des Français se considéraient comme "lecteurs" en 2021, selon une étude IPSOS réalisée pour le Centre national du livre. Mais pour certains l’exercice est complexe : les personnes dyslexiques peuvent rencontrer des difficultés à identifier les mots. Pour mieux comprendre l’origine de ce trouble, des chercheurs américains se sont intéressés à l’activité du cerveau pendant la lecture. Ils publient leurs résultats dans The Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Lecture : des électrodes pour comprendre ce qui se passe dans le cerveau
"Lire une phrase implique d'intégrer les significations de mots individuels pour en déduire un sens plus complexe et d'ordre supérieur, précisent les auteurs en préambule de leur étude. Ce comportement humain très rapide et complexe est connu pour engager le gyrus frontal inférieur (IFG) et le gyrus temporal moyen (MTG) dans l'hémisphère à dominante linguistique, mais on ne sait toujours pas s'il existe des contributions distinctes de ces régions à la lecture de phrases." Pour le comprendre, ils ont analysé des enregistrements de l’activité cérébrale réalisés pendant que des personnes lisaient, grâce à des électrodes. "Les électrodes implantées dans le cerveau nous fournissent un aperçu du fonctionnement interne de l'esprit humain, en particulier pour les processus rapides, comme la lecture", explique Nitin Tandon, co-auteur de l’étude. L'activité neuronale de ces patients a été mesurée lors de la lecture de trois formes de phrases : des phrases classiques, des phrases dites "Jabberwocky" issues du poème du même nom de Lewis Carroll, qui ont une grammaire et une syntaxe correctes mais contiennent des mots absurdes ce qui leur enlève toute forme de sens et enfin des listes de mots dépourvues de sens.
Deux réseaux cérébraux impliqués dans la lecture
Cette analyse leur a permis d’identifier deux réseaux cérébraux qui jouent un rôle clé dans le processus de lecture. "Un réseau implique une région du lobe frontal du cerveau qui envoie des signaux au lobe temporal, celui-ci s’active progressivement lorsqu'une personne déduit une signification complexe tout au long d'une phrase", notent-ils. Le deuxième réseau est lié à une région du lobe temporal du cerveau qui envoie des signaux à une zone du lobe frontal : cela permet d’intégrer le contexte d'une phrase pour faciliter la compréhension et le traitement de chaque nouveau mot lu.
Cerveau et lecture : vers une meilleure prise en charge de la dyslexie ?
"Cette étude nous aide à mieux comprendre comment les hubs du réseau linguistique du cerveau fonctionnent ensemble et interagissent pour nous permettre de comprendre des phrases complexes, développe Oscar Woolnough, auteur principal de l’étude. Pour que nous puissions comprendre le langage, il faut une séquence précise de processus rapides et dynamiques qui se produisent dans de multiples sites cérébraux. " Les chercheurs espèrent que cette meilleure compréhension des processus cérébraux liés à la lecture permettra de réaliser de nouvelles recherches sur la prise en charge de la dyslexie.