On parle de Covid long lorsque les symptômes liés à la Covid-19 perdurent au-delà de quatre semaines. Les patients peuvent alors souffrir de signes prolongés comme de la fatigue, des troubles respiratoires et digestifs, des problèmes oculaires ou encore des anomalies des sens. Dans certains cas, l’amélioration des manifestations est lente, voire parfois incomplète.
Comment diagnostiquer le Covid long ?
Outre la persistance des symptômes sur une longue durée, très peu de critères biologiques permettent de diagnostiquer le Covid long. Des scientifiques de l’Inserm et de l’Université Paris Cité en collaboration avec l’université de Minho à Braga (Portugal) ont mené une étude, afin de mieux comprendre cette forme prolongée de coronavirus et d’identifier des marqueurs diagnostic. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Communication.
Pour les besoins de cette recherche, les équipes ont examiné le système immunitaire de 164 personnes six mois après leur infection. Les scientifiques ont ensuite analysé les échantillons sanguins de 127 participants, dont la moitié présentait des symptômes persistants à la suite d'une l’infection à la Covid-19, et de 37 personnes qui n’avaient pas développé la maladie.
Les auteurs de l’étude ont également étudié des échantillons sanguins prélevés pendant la phase aiguë de l’infection chez 72 patients. Ils ont alors pu comparer le niveau d’inflammation à un stade précoce chez les volontaires ayant développé un Covid long ou non. Lors de l’étude, les chercheurs ont aussi observé les lymphocytes T, en particulier les cellules CD8, qui jouent un rôle dans l’élimination du virus, et les anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2.
La présence de marqueurs sanguins chez les patients présentant un Covid long
Selon leurs résultats, des marqueurs sanguins étaient présents chez 70 à 80 % des personnes ayant été touchées par un Covid long six mois après l’infection tandis que ces marqueurs sanguins étaient rares chez les autres participants n’ayant pas développé une forme longue de la maladie.
"Les équipes ont notamment montré qu’un sous-type de cellule CD8 exprimant le granzyme A, une protéine inflammatoire, sont en excès, tandis qu’un autre sous-type de CD8 exprimant l’intégrine b7 sont en faible quantité. Cette dernière sous-population est pourtant essentielle pour contrôler les virus dans les muqueuses. En outre, les anticorps IgA spécifiques du virus sont également en surnombre alors qu’ils devraient être rapidement éliminés si le virus est absent. Ces observations suggèrent la persistance du virus dans l’organisme et notamment dans les muqueuses", peut-on lire dans le communiqué de l’Inserm.
Les chercheurs ont également constaté une association "entre une réponse inflammatoire caractérisée notamment par des taux très élevés d’interféron IP-10 ou d’interleukine IL-6 et le risque de faire un Covid long par la suite" quand ils ont observé le niveau d’inflammation initial pendant la phase aiguë de Covid-19.
Covid long : le virus pourrait s’installer durablement dans les muqueuses intestinales
"Cela confirme des observations cliniques selon lesquelles la sévérité initiale de la Covid est associée à un risque plus élevé de développer un Covid long (…) Une des hypothèses est que des personnes qui présentent précocement une immunodéficience plus exacerbée développent des formes initiales plus graves de la Covid-19 et ne parviennent pas à éliminer efficacement le virus qui passe dans les muqueuses intestinales, où il s’installe durablement. Le système immunitaire finit en quelque sorte par le tolérer au prix d’une persistance des symptômes d’intensité et de nature variables", a indiqué le Dr Jérôme Estaquier, chercheur à l’Inserm, qui a dirigé ces travaux.
À l’avenir, les chercheurs souhaitent réaliser de nouvelles cohortes, qui permettraient de déterminer si ces marqueurs biologiques pourraient devenir des outils diagnostic du Covid-long.