- Dans le cadre d’une radiothérapie, un patient peut souffrir d’une dermatite aiguë d’irradiation, qui provoque des lésions sur la peau.
- Le staphylocoque pourrait favoriser l’apparition de la dermatite aiguë d’irradiation.
- Un traitement antibactérien développé par des chercheurs américains pourrait prévenir des risques de formes graves de la dermatite aiguë d’irradiation.
La dermatite aiguë d’irradiation ou radiodermite se traduit par des lésions dues à l'utilisation de rayons X ou de substances radioactives. Cette affection peut notamment atteindre les personnes qui subissent une radiothérapie au cours d’un traitement contre le cancer.
Un traitement pour atténuer les formes graves de dermatite aiguë d’irradiation
Dans les cas les plus graves, la dermatite aiguë d’irradiation peut induire un gonflement important ainsi que des ulcères cutanés douloureux. Pour l’heure, aucun traitement ne permet d’apaiser les manifestations liées à une radiodermite sévère.
Des scientifiques du Montefiore Einstein Cancer Center (MECC) situé aux États-Unis, ont cependant découvert que la bactérie Staphylococcus aureus (SA), également appelée staphylocoque, est responsable de nombreux cas de dermatite aiguë d’irradiation. Grâce à cette découverte, ils ont ainsi développé un traitement de prévention destiné aux patients suivant une radiothérapie. Les conclusions de leurs études ont été publiées dans la revue JAMA Oncology.
La bactérie staphylocoque pourrait favoriser le développement de la dermatite aiguë d’irradiation
Pour prouver l’implication de la bactérie staphylocoque dans l’apparition de la radiodermite, les chercheurs ont mené une première étude durant laquelle ils ont recruté 76 patients soumis à une radiothérapie dans le cadre d’un cancer.
Au cours de ces travaux, des cultures bactériennes ont été prélevées sur les patients avant et après la radiothérapie, sur trois zones corporelles : à l'intérieur du nez, sur la peau de la zone irradiée et sur la peau de la partie du corps non exposée aux radiations.
Avant le début de la radiothérapie, près de 20% des patients étaient porteurs de la bactérie staphylocoque, mais ne présentaient pas d’infection active. Après le traitement, les chercheurs ont constaté que 48 % des patients ayant développé une forme sévère de la dermatite aigüe d’irradiation ont été testés positifs à la bactérie staphylocoque, contre seulement 17 % des patients ayant développé une forme légère de la maladie.
"Cette étude a clairement montré que la bactérie staphylocoque joue un rôle majeur dans la survenue de la radiodermite (…) La bonne nouvelle est que nous disposons de nombreux outils pour lutter contre cette bactérie. Dans une deuxième étude, nous avons testé une combinaison de médicaments antibactériens topiques que nous pensions efficaces et faciles à utiliser", a noté la Dr Beth N. McLellan, auteure principale des deux recherches et directrice de l'oncodermatologie de soutien au MECC.
Dermatite aiguë d’irradiation : un traitement antibactérien peu coûteux
Lors de la seconde étude, les équipes ont suivi 77 patientes subissant une radiothérapie. Toutes les participantes, sauf deux femmes, étaient touchées par un cancer du sein. Les volontaires ont été divisées en deux groupes : le premier a reçu le traitement classique contre la dermatite aiguë d’irradiation du MECC (une hygiène classique associée à un traitement hydratant), et le second a suivi un traitement antibactérien, qui consistait à utiliser le nettoyant corporel chlorhexidine ainsi que la pommade nasale mupirocine. Les traitements ont été testés pendant toute la durée de la radiothérapie.
D’après les résultats, la moitié des patientes ayant reçu le traitement antibactérien a développé une radiodermite légère à modérée, mais aucune n’a développé de formes sévères. En revanche, 23 % des participantes ayant reçu le traitement standard ont souffert d'une dermatite aiguë d’irradiation sévère.
"Notre traitement est simple, peu coûteux et facile à mettre en œuvre. Nous pensons donc qu'il devrait être utilisé pour tous les patients qui suivent une radiothérapie (…) Je m'attends à ce que cela change complètement les protocoles pour les personnes qui subissent une radiothérapie pour un cancer du sein", a affirmé la Dr Beth N. McLellan.