C’est une réelle avancée dans la lutte contre la bactérie Clostridioides difficile (C.difficile) chez les adultes et potentiellement d'autres troubles du microbiote, l'ensemble des bactéries présentes dans les intestins. La Food and Drug Administration (FDA) a en effet autorisé l’administration par voie orale de gélules de greffe fécale pour prévenir les ré-infections à cette bactérie.
La bactérie C.difficile peut provoquer des décès
La colite à Clostridioides difficile (C. difficile) est une inflammation du côlon, causée par une toxine produite par la bactérie C. difficile. Elle se développe généralement après avoir pris des antibiotiques qui permettent à ces bactéries de se développer dans l’intestin et elle provoque des troubles digestifs comme des diarrhées.
Mais une souche plus mortelle de C. difficile a été identifiée dans certaines épidémies hospitalières. Cette souche produit significativement plus de toxines, provoque une maladie plus grave avec une plus grande probabilité de rechute, est facilement transmissible et répond moins bien au traitement antibiotique.
En effet, si les antibiotiques permettent de détruire les mauvaises bactéries dans l’intestin, elles détruisent également les saines, rendant ainsi cet organe essentiel plus à même d’être infecté à nouveau. Le risque de récidives augmente ainsi après chaque infection.
Elle est aujourd'hui l'une des infections nosocomiales (acquises dans un établissement de soins) les plus courantes aux États-Unis et est associée à 15.000 à 30.000 décès par an, indique la FDA dans son communiqué.
Les gélules de greffe fécale, un traitement simple et efficace
La transplantation fécale consiste à rétablir l’équilibre des bactéries dans l’intestin à partir de bactéries saines d’un donneur de selles. Elle présente donc un moyen efficace de soutenir le microbiote intestinal pour lui permettre de lutter contre cette infection. Et si cette greffe est déjà utilisée, par voie orale elle constitue un traitement novateur et plus simple.
La mise sur le marché de la gélule "Vowst" a été encouragée par plusieurs études cliniques contrôlées par placebo qui ont prouvé son efficacité. D’après un essai sur 182 participants, le médicament était actif jusqu'à huit semaines après le traitement. En outre, la récurrence d’une infection à C. difficile était plus faible chez les participants traités par Vowst que chez les participants traités par placebo (12,4 % contre 39,8 %).
La greffe fécale : une solution pour soigner d'autres maladies ?
Cette thérapie pourrait également être bénéfique pour un nombre important d'autres pathologies. En effet, si les transplantations fécale lors d’infections à Clostridium difficile sont parmi les plus étudiées, d’autres maladies représentent des cibles potentielles, comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), les troubles fonctionnels intestinaux, l’obésité, les maladies métaboliques et auto-immunes ou encore les troubles neuropsychiatriques, précise l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM).
Mais les risques ne sont pas nuls. Au-delà des effets secondaires secondaires tels que le gonflement abdominal, la constipation et la diarrhée, la potentielle transmission d’agents infectieux ou d’allergènes alimentaires est réelle, et ce, même si les donneurs et leurs selles sont auparavant testés pour un panel de pathogènes transmissibles (bactéries, virus, parasites).C'est pourquoi la greffe fécale doit se faire impérativement sous contrôle médicale, stipulent les autorités.