Un trentenaire souffrant de deutéranomalie, la forme de daltonisme qui entraîne une mauvaise perception du vert, assure être parvenu à voir les couleurs correctement après avoir pris des champignons magiques. Cette affirmation a fortement intrigué les médecins de la Cleveland Clinic et de l’université d’Alabama. Ils lui ont consacré une étude de cas publiée dans la revue Drug Science le 2 mai 2023.
Les champignons à psilocybine aideraient à voir les couleurs
L’homme de 35 ans qui ne percevait pas correctement le rouge et le vert, a reconnu avoir pris plusieurs fois dans sa vie des champignons à psilocybine, des hallucinogènes (DMT, 2C-B), de l’ecstasy ou encore du LSD. C’est au cours de ces usages “récréatifs” que le daltonien a remarqué que la consommation des champignons améliorait sa perception des couleurs.
Les médecins ayant étudié son cas expliquent : "juste avant l'ingestion de champignons, le sujet s'est auto-administré le test d'Ishihara. Chaque plaque du test est composée d'une mosaïque de points variant en couleur et en taille. Dans chaque plaque se trouve un nombre ou une combinaison de lignes. Certains ne sont pas visibles pour les personnes atteintes de daltonisme, d'autres ne sont visibles que pour les personnes daltoniennes, et certains apparaîtront différemment aux personnes atteintes de maladies cardiovasculaires par rapport à celles qui ont une vision normale des couleurs".
Le patient a repassé le test 12 heures après avoir pris la drogue et à d’autres occasions au cours des quatre mois suivants. Il a noté une amélioration partielle de la perception des couleurs.
Daltonisme et champignon hallucinogène : d’autres recherches sont nécessaires
Selon les données recueillies, l'effet bénéfique des champignons sur le daltonisme était le plus important huit jours après la prise, et a persisté pendant au moins seize jours. "Cette amélioration peut avoir duré plus longtemps, bien que les observations ultérieures soient faussées par une consommation supplémentaire de substances", précisent les chercheurs dans leur article.
Les scientifiques ayant travaillé sur ce cas, suggèrent qu'il est probable que les phénomènes visuels induits par les champignons psychédéliques résultent d'altérations de l'activité cérébrale plutôt que d’un effet direct sur la rétine ou l'œil compte tenu du délai entre l’absorption du produit et la perception des couleurs.
Toutefois, ils ajoutent qu’une "exploration systématique de ce phénomène possible est nécessaire pour confirmer nos découvertes, évaluer leur possibilité d’être généralisée et déterminer le mécanisme d'action".