Plus de 55 millions de personnes souffrent de démence dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Cette altération des fonctions cognitives peut avoir de nombreuses causes. Des chercheurs américains viennent de découvrir de nouveaux facteurs de risque, liés à la génétique. Selon eux, des modifications de l’ADN peuvent augmenter le risque de souffrir de démence à corps de Lewy ou de démence frontotemporale. Ils expliquent leur découverte dans Cell Genomics.
Démence : une étude sur plusieurs milliers d’échantillons
Les changements génétiques découverts par cette équipe scientifique sont des variantes structurelles. Ce type de modification de l’ADN est impliqué dans une variété de troubles neurologiques. "Contrairement aux mutations plus couramment étudiées, qui affectent souvent un ou quelques éléments constitutifs de l'ADN appelés nucléotides, les variantes structurelles représentent parfois 50 mais souvent des centaines, voire des milliers, de nucléotides à la fois, ce qui les rend plus difficiles à étudier", précisent les auteurs dans un communiqué. L’équipe a utilisé des algorithmes de pointe et l’intelligence artificielle pour cartographier les variantes structurelles du génome sur plusieurs milliers d’échantillons de personnes atteintes ou non de démence.
Génome : des modifications associées à la démence à corps de Lewy
Les chercheurs ont découvert une variante, jamais identifiée précédemment, du gène TCPN1, chez des patients atteints de démence à corps de Lewy. Selon les auteurs, cette variante engendre la suppression de plus de 300 nucléotides du gène et elle est associée à un risque plus élevé de developper la maladie. "Bien que cette découverte soit nouvelle pour la démence à corps de Lewy, TCPN1 est un facteur de risque connu de la maladie d'Alzheimer, ce qui pourrait signifier que cette variante structurelle joue un rôle dans plusieurs formes de démence", notent-ils.
Par ailleurs, les analyses ont également permis d’identifier deux facteurs de risque pour la démence frontotemporale dans les gènes C9orf72 et MAPT. "D'un point de vue génétique, il s'agit d'une découverte très excitante, estime le Dr Sonja Scholz, autrice principale de l’étude. Elle fournit un point de référence pour la biologie cellulaire et les études de modèles animaux et éventuellement, une cible d’intervention." Les chercheurs ont d’ores et déjà mis leurs données à disposition de la communauté scientifique dans un catalogue. Selon eux, cela permettra de rendre les données génétiques complexes plus accessibles aux experts pour accélérer le rythme de la recherche.
Démence : comprendre les causes pour pouvoir les soigner
Mieux comprendre l’origine de ces pathologies est une première étape dans la mise au point de traitement permettant de les soigner. "La recherche pour démêler l'architecture génétique complexe des maladies neurodégénératives entraîne des avancées significatives dans la compréhension scientifique", détaille Bryan J. Traynor, co-auteur. "Chaque découverte permet de mettre en lumière les mécanismes à l'origine de la mort ou du dysfonctionnement des cellules neuronales, ouvrant la voie à une médecine de précision pour lutter contre ces troubles débilitants et mortels.