Fourmillements, picotements, tiraillements, "décharge électrique"... Tels sont les symptômes qui surviennent chez les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos (SJSR). Cette maladie chronique se caractérise par ces sensations désagréables, appelées « impatiences », ainsi qu’un besoin irrépressible de bouger les membres inférieurs. Ces symptômes surviennent au repos, le plus souvent le soir ou la nuit, en position allongée. Pour se sentir mieux, les patients doivent bouger régulièrement leurs jambes. Ce syndrome affecte donc la qualité du sommeil des patients et, par conséquent, leur qualité de vie.
Un risque accru de dépression et de pensées suicidaires
Le syndrome des jambes sans repos peut également avoir un impact sur la santé mentale des patients, selon une étude de l'Inserm publiée en février 2022. "Certaines enquêtes et études cliniques suggèrent que les personnes atteintes du SJSR ont un surrisque de présenter des symptômes dépressifs ou d’avoir des idées suicidaires, notamment celles qui souffrent d’insomnie" a déclaré le neurologue Yves Dauvilliers de l'Institut des neurosciences de Montpellier dans la publication de l'Inserm. Aucune étude n'avait quantifié l'importance de ces plaintes, ni la manière dont la thérapie peut contrecarrer ces conséquences psychologiques. C'est pourquoi Yves Dauvilliers a décidé de travailler sur ce sujet avec l'équipe du Centre National de référence narcolepsie hypersomnie.
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont recruté 529 adultes atteints du syndrome des jambes sans repos qui n'ont reçu aucun soutien psychologique. Ils ont rempli un questionnaire pour évaluer la présence de symptômes dépressifs et de pensées suicidaires. Les réponses des patients ont été comparées à celles de personnes du même âge et du même sexe qui ne souffraient pas de cette maladie chronique. Selon les résultats, parmi les patients touchés par le SJSR, 79 % souffraient d'insomnie, 32,5 % présentaient des symptômes dépressifs et 28 % avaient des pensées suicidaires, contre respectivement 8,3 %, 5,5 % et 9,5 % des adultes non atteints.
La nécessité d’un suivi psychologique
Les scientifiques ont découvert que les troubles du sommeil et les symptômes dépressifs étaient considérablement réduits un an après que chaque patient ait reçu une prise en charge psychologique ainsi qu’un traitement adapté. "Ce résultat est important car il prouve que la prise en charge adaptée du SJSR permet de réduire les symptômes sensorimoteurs, mais aussi ceux liés à la santé mentale", a exposé Yves Dauvilliers.
Mais la fréquence des idées suicidaires n’a quasiment pas évolué. "Attention, on parle bien d’idées et non de comportements suicidaires. En pratique, notre expérience clinique et la littérature montrent que le passage à l’acte reste rare et certainement multifactoriel. Cependant, il faut sensibiliser les médecins sur ce risque afin qu’ils soient vigilants sur la santé psychique de leurs patients atteints du SJSR", a insisté le neurologue.