Jamais deux sans trois, sauf pour le brossage des dents ! En effet, dans ses nouvelles recommandations émises cette semaine, l'Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) estime que deux brossages par jour suffisent. « Une recommandation plus en adéquation avec nos modes de vie », d'après l'Union. Alors, pourquoi cette piqûre de rappel ? La réactualisation de ces conseil vieux de dix ans est aussi une bonne occasion pour l'UFSBD de rappeler que le brossage des dents reste essentiel pour la santé bucco-dentaire, mais pas seulement...
Non plus 3 mais 2 minutes de brossage
L'UFSBD a tenu compte des données autour de l'hygiène bucco-dentaire des Français. Dans les faits, seul un Français sur quatre respecte les anciennes règles. Loin des trois minutes conseillées, la durée du brossage oscille entre 43 et 57 secondes. Il reste encore de la marge pour atteindre les nouvelles recommandations.
Même constat pour le nombre de brossages quotidiens. Peu de Français sont à leur domicile à midi pour se brosser les dents et emmener la brosse à dents sur son lieu de travail n'est quasiment jamais appliqué. Conséquence : deux brossages par jour en moyenne, voire un seul. L'UFSBD s'adapte au mode de vie des Français mais reconsidère aussi la durée de formation de la plaque dentaire, repsonsable des caries. Elle met douze heures à se régénérer, inutile donc de se brosser les dents à la mi-journée. Pour maintenir une hygiène bucco-dentaire irréprochable, l'Union recommande de mâcher un chewing-gum après le repas de midi. La mastication génère une salive plus chargée en bicarbonates, ce qui aide à protéger l'émail.
L'intérêt du brossage pour la santé bucco-dentaire
Quoi qu'il en soit, le brossage des dents est le seul moyen de lutter efficacement contre les caries. Il permet, en effet, de supprimer les débris alimentaires et de limiter la plaque dentaire, responsable avec les bactéries, des caries. Car on le sait, après chaque repas, des débris alimentaires vont se déposer sur et entre les dents. Les bactéries présentent dans la bouche vont transformer ces débris alimentaires en acide. Et après chaque repas, l'acidité de la bouche augmente. C'est justement cette acidité qui va attaquer les dents.
L’athérosclérose liée à la santé des dents
Dans une étude publiée le 4 novembre dans le Journal of the American Heart Association, un groupe de chercheurs de l’école de Santé publique de l’université de Columbia (New York, Etats-Unis) a réussi à expliquer quel était le lien précis entre l'hygiène bucco-dentaire et la santé cardiaque.
Brosser ses dents, les nettoyer au fil dentaire et aller régulièrement chez le dentiste aide en effet à tenir les maladies cardiovasculaires éloignées. Cette étude démontre que plus les gencives et les dents sont en bonne santé, moins l’athérosclérose progresse. Aussi étonnant que cela paraisse, les bactéries dentaires encouragent la formation de plaque dans les artères, ce qui constitue le risque majeur d’accident cardiovasculaire. Et plus les artères sont étroites, plus le risque d’infarctus est élevé.
Pour vérifier la corrélation entre santé dentaire et maladies vasculaires, les chercheurs ont suivi plus de 400 patients adultes. Leur bouche a été passée au crible : 11 souches bactériennes liées à des maladies dentaires, 7 bactéries de contrôle et les fluides autour des gencives ont été analysés. L’athérosclérose, quant à elle, a été mesurée au niveau de la carotide à l’aide d’ultrasons.
Un dixième de millimètre en plus
Sur une période de trois ans, l’amélioration de la santé dentaire est associée à la réduction de la proportion de bactéries. Ce que les chercheurs retiennent de leur découverte, c’est l’étroite relation entre les deux affections. « Nos résultats démontrent une relation claire entre ce qui se passe dans la bouche et l’épaississement de la carotide, même avant le début d’une maladie dentaire à part entière, » explique le co-auteur de l’étude Panos Papapanou.
Sur trois ans, la différence d’épaisseur de la paroi carotidienne - dite épaisseur intima-media (EIM) - est de 0,1mm entre les patients dont la santé dentaire s’aggrave et ceux dont elle s’améliore. Si la mesure semble minime, son importance ne l’est pas pour les patients à risque. « Pour ce qui est de l’athérosclérose, un dixième de millimètre dans l’épaisseur de la carotide est énorme, » souligne Tatjana Rundek, autre co-auteur de l’étude. En effet, une progression de 0,33mm par an de l’EIM de la carotide est associée à un risque plus élevé d’accidents coronaires selon une étude précédente.