Novembre, la météo pluvieuse et les jours qui raccourcissent : ce mois est souvent qualifié de "plus déprimant" de l’année. Une étude de l’université de Nottingham, au Royaume-Uni, contredit cette idée reçue. Les auteurs de cette recherche ont identifié les mois où les gens ont davantage de comportements suicidaires. Selon leurs conclusions, le pic est atteint au printemps / début de l’été. Leurs résultats ont été publiés dans la revue spécialisée Nature Translational Psychiatry.
Pensée suicidaire et suicide : un point de bascule au printemps
Ces travaux, menés en collaboration avec l'Université d'Amsterdam et l'Université d’Harvard, ont duré six ans, pendant lesquels près de 10.000 personnes ont répondu à des sondages. Les questions portaient sur leur humeur, leur pensée, leur image du suicide et sur l’automutilation. En parallèle, des tests ont été réalisés pour identifier les comportements ou pensées suicidaires des participants. Les réponses montrent que les pensées suicidaires sont fortes pendant l’hiver, en décembre mais il y a un décalage avec les comportements suicidaires : ils sont plus importants aux beaux jours. Les chercheurs appellent ce phénomène "le point de bascule".
Suicide : pourquoi le risque est plus élevé à l’approche de l’été ?
Le Dr Brian O’Shea, de l'Université de Nottingham, directeur de cette étude, fournit quelques explications : "Il peut être surprenant que le printemps, une période où l'on suppose que l'humeur des gens s'améliore, est en fait la période de l'année où les gens risquent le plus de se suicider, note-t-il. Les raisons sont complexes, mais nos recherches montrent que les pensées et l'humeur suicidaires sont les pires en décembre et les meilleures en juin. Entre ces deux points, il existe un risque accru de comportement suicidaire, et nous pensons que cela se produit parce que l'amélioration graduelle de leur humeur et de l’énergie peut leur permettre de planifier et de s'engager dans une tentative de suicide." Il soulève aussi une hypothèse : l’amélioration de l’humeur des personnes souffrant de troubles de santé mentale est généralement plus lente que celle des autres, ce qui peut entraîner des comparaisons aux effets psychologiques néfastes. Les chercheurs notent aussi que les pensées suicidaires culminent vers 4 ou 5 heures du matin.
Comment prévenir le risque de suicide ?
Le Dr Brian O’Shea ajoute: "Cette étude est la première à examiner les tendances temporelles autour de l'humeur et des pensées d'automutilation à une si grande échelle et identifie vraiment les moments où l'intervention pourrait être la plus bénéfique." L'Assurance Maladie fournit justement plusieurs indications sur les signaux à repérer pour aider une personne à risque de suicide. "Si une personne de votre entourage présente un ensemble de signes suicidaires, si son attitude et son comportement changent faisant redouter une tentative de suicide, soyez vigilant", note-t-elle. Plusieurs choses peuvent alerter : des messages exprimant l'intention de se suicider ("je vais en finir", "j'ai tout raté dans la vie", je ne suis plus capable", etc), des symptômes de souffrance psychologique comme la fatigue, l'anxiété, les difficultés professionnelles ou relationnelles et enfin des signes de passage à l'acte imminent : un calme inhabituel de la personne à risque, une mise en ordre de ses affaires personnelles, un isolement anormal, etc.
Selon des données de l’Observatoire national du suicide, 9.300 personnes sont décédées par suicide en 2016 et plus de 200.000 tentatives ont été recensées.