“J’ai pensé pendant des années à une chirurgie bariatrique”, reconnait Gwendoline qui a vu les kilos s’accumuler - malgré ses efforts - au fil des années et des épreuves après l’adolescence. Mais entre ses propres craintes et celles de son conjoint, la jeune femme de 28 ans n’avait pas osé sauter le pas... jusqu’à ce que son poids vienne entraver son rêve de devenir maman.
Surpoids : “j’ai totalement baissé les bras jusqu’à atteindre 125,3 kilos”
Face à un projet bébé qui tarde à se réaliser, Gwendoline consulte. “On m’a très vite indiqué qu’être en surpoids - je faisais à l’époque entre 100 et 103 kilos- pouvait être un problème pour pouvoir concevoir. On nous a alors envoyé vers un centre de PMA à Poitiers”. Le médecin rencontré lui demande de perdre du poids avant de commencer la procédure.
"Il fallait que j’atteigne 90 kilos pour avoir accès à une FIV, car nous avions des soucis de fertilité au-delà de mon surpoids. J’ai commencé un régime qui m’a permis d'atteindre 93 kilos. Malgré tous les efforts que j’avais fait, la médecin a maintenu sa position et m’a fermé les portes du programme”, se souvient la jeune femme. “J’avoue que cela m’a mis un coup de massue et j’ai totalement baissé les bras, jusqu’à atteindre l’année dernière 125,3 kilos”.
C’est en voyant ce chiffre sur la balance que Gwendoline a finalement décidé de se tourner vers la chirurgie bariatrique. “d’autant plus que l’envie d’enfant est toujours présente”, ajoute-t-elle. Le récit d'un ami qui avait subi une sleeve et son licenciement économique lui permettant de ne pas souffrir de perte de salaire pendant sa convalescence ont achevé de la convaincre de prendre rendez-vous avec un chirurgien spécialisé dans les sleeves : il s'agit de l'ablation d'une partie de l'estomac avec l'objectif d'obtenir une perte de poids durable chez les personnes souffrant d'obésité.
Sleeve : "le médecin m’a enlevé entre 80 et 90 % de mon estomac"
Le 4 mars 2022, Gwendoline rencontre pour la première fois le chirurgien à la clinique Inkermann à Niort. Ensemble, ils ont discuté de ses motivations et des différentes options. “J’avais le choix entre la sleeve et le bypass, rien n’était arrêté. On a finalement opté pour la sleeve car si je faisais un bypass, je n'aurais pas pu faire une reconversion en sleeve en cas d’échec alors que si dans quelques années ma sleeve se révèle être un échec, je pourrai aller vers un bypass”.
Il s'ensuit de nombreuses consultations et examens médicaux : psychologue, nutritionniste, cardiologue, anesthésiste…. “A la suite de tous ces différents rendez-vous, j’ai revu le chirurgien qui m’a proposé de m’opérer le 17 novembre 2022”.
Gwendoline se souvient de ce jour : “Jusqu’au matin de l’opération, je n’avais aucune crainte ou appréhension. Je savais pourquoi je le faisais : je gardais mon objectif en tête : devenir maman. Mais le jour J, une fois mon compagnon parti, un peu avant l’opération, cela été plus compliqué”. Les doutes se sont immiscés : etait-ce la bonne décision ? N’aurait-elle pas dû se débrouiller toute seule ? Allait-elle revenir de la salle d'opération….? Toutefois, ces angoisses ne l’ont pas détournée de sa décision. “L’opération a été très rapide. Le médecin a enlevé entre 80 et 90 % de mon estomac. Il fait aujourd’hui 15 cl, soit la contenance d'une petite cannette”.
L'après-sleeve : "le retour a été compliqué, car j’avais des douleurs importantes au ventre"
Si Gwendoline avait fait beaucoup de recherches sur le parcours pré-opératoire et les suites d’une sleeve, elle s’était peu renseignée sur l'hospitalisation... un peu par crainte de reculer. Et elle le reconnaît, son séjour à l'hôpital n’a pas été simple : fatigue, vomissement de sang, difficulté à avaler les médicaments, interdiction de boire et de manger les premiers temps.
“Je suis sortie le dimanche midi. Le retour à la maison en voiture a été compliqué, car j’avais des douleurs au ventre. Je me suis vraiment rendue compte à ce moment-là du mauvais état de nos routes en France ! J’ai ressenti chaque secousse. Je n’ai pas eu de chance à ce niveau-là car certains patients ne souffrent pas du tout après la sleeve”.
Et ces vives souffrances ont été des compagnes quasi-permanentes de sa convalescence ainsi que de ses nuits. “Je ne pouvais pas dormir sur le ventre alors que c’était mon habitude. Je ne pouvais pas, non plus, dormir dans mon lit, je dormais assise dans mon canapé”, se rappelle la jeune femme. “ Et quand je dis dormir, c’est un grand mot, ce n’était que quelques heures tout en restant semi-assise”. Le manque de sommeil a fortement joué sur son moral pendant cette période.
“Une nuit, j’en ai eu assez et j’ai essayé de me mettre sur le ventre. Quand je l’ai fait, j’ai senti un truc bizarre au niveau de mon ventre et depuis ce jour-là, je n’ai plus eu mal”, se souvient-elle. Lors de son rendez-vous avec le chirurgien, celui-ci a avancé que cette douleur pouvait être liée à un muscle coincé au niveau de la cicatrice. “J’avais très mal. Je ne pouvais pas tousser ou éternuer sans pleurer de douleur. Le fait de m’être retournée à dû bouger le muscle et cela a changé la suite du post-op du tout au tout. Je n’ai plus jamais eu une seule douleur”.
Sleeve : “les repas ne sont pas compliqués, car je ressens très peu la faim”
Finalement, la gestion des repas - une des plus grandes craintes des personnes envisageant de se faire opérer - a été assez simple pour Gwendoline. Les 15 premiers jours, elle n’était autorisée à manger que du liquide. “Je prenais cinq cuillères de bouillon et j’avais tout de suite l’impression d’avoir mangé comme à un repas de fêtes. Je n’en pouvais plus”, explique-t-elle. Sont venus ensuite les purées et les produits mixés. “Mon premier vrai repas était le 24 décembre, c’était Noël avant l’heure”, se réjouit-elle encore aujourd'hui. Si les quantités ont augmenté, elles restent bien moindres qu’avant. Ainsi, pour éviter les carences et les soucis de santé, elle doit faire 6 repas par jour.
“De mon point de vue, les repas ne sont pas compliqués, car je ressens très peu la faim. Je mange, car je vois l’heure, mais pas par faim”.
Par ailleurs, ses goûts et ses envies ont changé. “On m’en avait parlé, mais j’avais du mal à y croire. Néanmoins, c'est vrai. Avant, j'étais une très grande adepte du poulet et des pâtes, maintenant, je ne veux plus. C'est la même chose avec les frites. La cuisson de ma viande a aussi changé. Avant, je la prenais bien cuite, maintenant, je l’aime saignante voir presque crue”.
En revanche, la sleeve n’a pas mis un terme aux repas entre amis et aux sorties. “Je ne m’interdis pas le restaurant. Quand j’explique ma situation, certains acceptent que je prenne un menu enfant. Et s’ils ne le font pas, mon compagnon finit mon repas ou on rapporte les restes à la maison pour les manger plus tard”.
Sleeve : “cela change aussi au niveau de l'intimité”
Le jour de l’opération, Gwendoline pesait 117,8 kilos. Tout juste 6 mois plus tard, elle a atteint 84,4 kilos. “Mon objectif serait entre 70 et 75 kilos. Si cela s'arrêtait maintenant - cela m'embêterait, je ne le cache pas - mais cela irait. Mon image me convient actuellement”, explique Gwendoline. Et si elle reconnaît que les derniers mois ont été particulièrement éprouvants, elle ne reviendrait pas en arrière pour autant. Pouvoir marcher, courir, mettre ses chaussures sans avoir le souffle coupé, porter les vêtements que l'on aime… La perte de poids entraînée par la sleeve lui a changée la vie.
“Les personnes qui n’ont jamais eu des problèmes d’obésité ne peuvent pas comprendre le bien que cela fait d’entrer dans un magasin regarder un vêtement et pouvoir l’acheter si on en a envie, car il y a la bonne taille”, confie la jeune femme qui a l’impression de se redécouvrir.
Et ce n'est pas le seul changement. “On n'en parle pas beaucoup non plus, mais cela change aussi au niveau de l'intimité. Cela fait 12 ans que je suis avec mon conjoint, j’ai l’impression que nous sommes repartis comme si cela faisait un an. Avant, j'avais tendance à me cacher. J’avais envie d’avoir des relations intimes, mais je me l'interdisais, car je me demandais comment il pouvait avoir envie de moi. Maintenant, je n’ai plus de crainte”.
En revanche, si Gwendoline se sent, en effet mieux, dans son corps, elle reconnaît avoir du mal à intégrer sa nouvelle silhouette. “Je me vois toujours pareil dans le miroir. Il n’y a pas longtemps, j'ai pris un haut en taille 48. C’est la vendeuse qui m’a dit que cela serait beaucoup trop grand. Je ne la croyais pas quand elle m’a dit que j'avais besoin d’un 40 ou un 42”.
Sleeve : “Je ne regrette pas, je le referais s’il le fallait”
Pour Gwendoline, il est important de poursuivre un suivi psychologique pour bien appréhender les conséquences physiques et morales d’une sleeve. “Je continue à voir ma psychologue régulièrement. C'est très important pour nous aider à avancer dans cette perte de poids, dans la prise de conscience et dans la relation avec l’alimentation”.
Six mois après l’opération et une perte de 33 kilos, celle qui rêve de devenir maman dresse un premier bilan : “Ce n'est pas l’opération la plus facile du monde, mais il faut voir l’après. Je ne regrette pas, je le referais s’il le fallait”. Et pour les détracteurs de la chirurgie de l’obésité, elle a un message : “Faire une sleeve n’est pas la solution de facilité. J’ai envie de dire aux gens qui disent cela : prends ma place, vis ce que j’ai vécu, ressens les douleurs que j’ai dû supporter quelques semaines et après, on en rediscute”.
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