14.184 nouveaux cas de cancer du pancréas ont été dépistés en France en 2018, dont 51 % chez les hommes, selon l’Institut national du cancer. Ce cancer est l’un des plus meurtriers car, sur cette même année, il y a eu 11.400 décès d’après l’édition 2022 du Panorama des cancers en France, soit presque autant de nouveaux cas que de décès.
Remplacer le sucre par une autre molécule
Une nouvelle étude, publiée dans la revue Nature, donne peut-être une nouvelle piste pour expliquer la résistance de cette maladie. Les chercheurs ont en effet observé que les cellules cancéreuses étaient capables de s’adapter quand elles ne pouvaient plus se nourrir de glucose (sucre) : elles le remplacent par une autre molécule appelée uridine. Elles ont donc une capacité d’adaptation qui peut expliquer leur résistance.
“La capacité du cancer à passer à des nutriments alternatifs me fascine depuis longtemps, explique Zeribe Nwosu, l’un des auteurs de cette étude, dans un communiqué. Bloquer ce [comportement] compensatoire pourrait nous [aider à élaborer] de nouveaux traitements et c'est [ce que nous espérons avec] cette étude."
Mieux comprendre et traiter le cancer du pancréas
Pour l’instant, les chercheurs n’ont pas réussi à déterminer d’où vient précisément l’uridine dans le microenvironnement tumoral, ni comment les cellules cancéreuses y avaient accès. “Il se trouve dans la circulation sanguine, mais nous ne savons pas d'où elle vient spécifiquement, développe Costas Lyssiotis. Elle vient probablement de plusieurs endroits, et jusqu'à présent, nous n'avons pas été en mesure [de déterminer] une seule source."
Quand les cellules cancéreuses n’ont plus assez de nutriments dans leur environnement, pour cause de concurrence avec les autres cellules par exemple, elles s’adaptent donc et utilisent l’uridine. "Les cellules cancéreuses semblent détecter les concentrations de glucose et d'uridine dans l'environnement local pour mieux s’adapter”, explique Matt Ward, autre auteur de cette étude.
Le cancer du pancréas reste longtemps sans symptôme et, dans 80% à 90% des cas, il est diagnostiqué à un stade tardif, selon le site internet du Vidal, ce qui limite les chances de réussite du traitement. Mais ces travaux offrent un espoir : "Il y a un potentiel pour mieux comprendre et traiter le cancer du pancréas, avec de nouvelles cibles médicamenteuses et approches thérapeutiques", conclut Anguraj Sadanandam, auteur de l’étude.