- Les cellules cancéreuses sont soumises à un stress important et détournent les fonctions de cellules saines pour y survivre.
- Des chercheurs ont trouvé une molécule capable d'empêcher les cellules cancéreuses de faire ce détournement, ce qui les fait mourir de stress.
- Cette technique a fonctionné dans le cas du glioblastome mais d'autres essais sur d'autres types de tumeur sont en cours.
Les cellules cancéreuses peuvent mourir de stress. Des chercheurs de l’université de Göteborg en Suède et de l’Inserm à Rennes ont mis au point une technique pour bloquer certaines fonctions des cellules cancéreuses, ce qui les fait mourir de stress. Ils détaillent les résultats de leurs travaux, appliqué au glioblastome, une tumeur agressive du cerveau, dans la revue iScience.
Comment le stress peut tuer les cellules cancéreuses ?
"Les cellules cancéreuses, en particulier celles qui forment des tumeurs agressives, sont d'une manière ou d'une autre hors de contrôle et vivent une existence très stressante, rappellent les auteurs en préambule. Pour gérer ce stress, les cellules cancéreuses détournent les mécanismes que les cellules saines utilisent pour réguler la production de protéines et traiter le surplus de protéines qu'elles créent." En l’absence de ces mécanismes, les cellules cancéreuses meurent. L’équipe franco-suédoise s’est appuyée sur ce processus : les chercheurs ont utilisé une molécule spécifique capable d’empêcher le détournement de ces mécanismes. "Cela provoque l'autodestruction du cancer", explique Leif Eriksson, professeur de chimie physique à l'Université de Göteborg.
Tuer le cancer par le stress : un nouveau traitement contre le glioblastome ?
Mais ce n’est pas la seule découverte de ces scientifiques, ils sont parvenus à mettre au point une version spécifique de cette molécule capable de "traverser la barrière hémato-encéphalique qui protège les tissus cérébraux". Cela signifie que cette méthode pourrait être utilisée dans les cancers du cerveau, comme le glioblastome. "Actuellement, le pronostic des glioblastomes malins est très mauvais, précisent les auteurs. Seule une faible part des patients survit cinq ans après le diagnostic et le traitement." Ce dernier repose sur la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, mais cela ne permet généralement pas d’éliminer toutes les cellules cancéreuses. Ainsi, il y a un risque de récidive avec une réapparition de la tumeur. "Une fois que le cancer récidive, les cellules tumorales se sont souvent propagées et ont développé une résistance", note Leif Eriksson. Des essais réalisés avec cette nouvelle technique ont montré que la molécule et une chimiothérapie permettaient de tuer les tumeurs et de prévenir les rechutes. "Comme les tumeurs ont été stressées à mort, toutes les cellules cancéreuses ont disparu et, lors d'expérimentations animales sur des souris, il n'y a pas eu de rechute du cancer après 200 jours, développent les auteurs. Dans des expériences comparatives avec seulement une chimiothérapie, les tumeurs cérébrales sont réapparues après 100 jours et se sont développées rapidement."
Cellules cancéreuses : la mort par le stress utilisée dans d’autres cancers ?
Leif Eriksson ajoute que d’autres essais sont en cours sur d’autres types de cancer, avec des tumeurs agressives comme le cancer du pancréas et le cancer du sein triple négatif. En dehors de son efficacité, l’un des intérêts de ce nouveau traitement est l’absence d’effet secondaire. Dans l’essai sur des souris, les animaux ont maintenu leur poids, n'ont présenté aucun changement apparent de comportement et il n'y avait aucun signe d'impact sur le foie. Mais d’autres études sont encore nécessaires avant d’espérer une utilisation de la molécule dans un traitement. "En étant optimiste, je peux dire que cela pourrait prendre cinq ans, estime le scientifique suédois. Les glioblastomes sont mortels à près de 100%, donc toute amélioration des soins médicaux est un progrès majeur."