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Neurologie

Viol : pourquoi beaucoup de victimes ne se défendent pas durant l’agression

Par Geneviève Andrianaly

L’absence de réaction durant un viol pourrait s’expliquer par le blocage des circuits neuronaux dû à la peur et à la menace.

Tinnakorn Jorruang/iStock
70 % des femmes ayant été sexuellement agressées ou violées déclarent s’être "figées", incapables de bouger ou de crier en réponse à l’agression.
Cette immobilité involontaire serait liée à un blocage des circuits neuronaux, qui contrôlent l’action et les mouvements corporels, en réaction à la peur et à la menace.
Une meilleure compréhension juridique des preuves neuroscientifiques sur cette l’absence de réaction pourrait empêcher la culpabilisation inappropriée des victimes.

"30 % des femmes ont subi des agressions sexuelles au cours de leur vie. Les conséquences de ces violences sur les victimes et la société sont dévastatrices, mais le sujet est souvent occulté. Par exemple, en Angleterre et au Pays de Galles, la police a enregistré plus de 70.000 viols en 2021 et 2022, mais seuls 3 % d'entre eux ont donné lieu à une inculpation", ont indiqué deux chercheurs du University College London (UCL). Ils ont précisé que, lors des procès, il était souvent reproché aux personnes agressées de ne pas s’être débattues ou avoir essayé de fuir.

Viol : les circuits neuronaux se bloquent face à une menace

Dans une étude, publiée dans la revue Nature Human Behaviour, les scientifiques ont signalé que 70 % des femmes ayant été violées déclaraient s’être "figées", être incapables de bouger ou de crier en réponse à l’agression, même lorsqu'elles n’étaient pas physiquement contraintes. Cette absence de réaction aurait une explication neurologique. L’équipe a soutenu que l'immobilité des victimes était probablement involontaire. Selon elle, la peur et la menace pourraient bloquer les circuits neuronaux qui permettent de contrôler l’action et les mouvements du corps.

"De nombreux animaux se figent brièvement en réponse à une menace légère, afin d'être prêts à déclencher une réaction de lutte ou de fuite. Mais en réponse à une menace immédiate et grave, le comportement peut évoluer vers une immobilité prolongée où le corps devient soit complètement figé, soit mou. Des processus similaires se produisent chez les êtres humains", ont expliqué les auteurs dans un communiqué.

"Empêcher la culpabilisation inappropriée des victimes" grâce aux preuves neuroscientifiques

Ainsi, les arguments "interprétant parfois à tort l'absence de lutte durant le viol comme une indication de consentement" sont "injustes". "La loi reconnaît depuis longtemps les moyens de défense fondés sur la 'perte de contrôle' et peut accorder une responsabilité atténuée dans des situations spécifiques, dans lesquelles les preuves montrent que les actes ont été accomplis en dehors de tout contrôle volontaire. Il peut s'agir de certaines conditions médicales, telles que les troubles du sommeil, ainsi que de situations extrêmes telles que le contrôle coercitif. Après avoir examiné les preuves neuroscientifiques, nous suggérons que la même considération soit accordée à l'immobilité involontaire lors d'un viol ou d'une agression sexuelle. Nous espérons que cela permettra d’empêcher la culpabilisation inappropriée des victimes et d'attirer l'attention de la société sur l'importance cruciale du consentement actif", a déclaré Patrick Haggard, co-auteur des travaux.