Depuis 2017, la consommation de pornographie chez les mineurs a augmenté de 36 %. Chaque mois, 2,3 millions d’adolescents âgés de 12 à 17 ans fréquentent des sites pornographiques, d’après une étude de Médiamétrie pour l’Arcom, chargée par la loi de protéger les jeunes face à ces images. "En moyenne, 12 % de l’audience des sites adultes est réalisée par les mineurs", peut-on lire dans les résultats. Quotidiennement, près d’un adolescent sur dix se rend sur les sites pornographiques à destination des adultes.
Les 12-17 ans passent moins d’une heure par mois sur les sites pornographiques
Dès 12 ans, plus de la moitié des garçons (51 %) vont sur des sites adultes chaque mois. Les trois quarts d’entre eux le font exclusivement depuis un téléphone portable, une pratique qui ne concerne que la moitié des majeurs. Selon le rapport, le temps passé par les mineurs est de 50 minutes par mois. En comparaison, les adultes passent en moyenne 2 heures par mois sur les sites pornographiques. Pornhub rassemble 1,4 million de mineurs chaque mois. Pour plusieurs sites, les adolescents représentent plus de 10 % de l’audience.
"On est vraiment sur une consultation de masse des sites pornographiques par les mineurs, qui se fait essentiellement sur les smartphones, c'est-à-dire hors du regard parental. Ces mineurs sont encore plus jeunes que ce qu'on pensait", signale, à l’AFP, Laurence Pécaut-Rivolier, de l'Arcom. Cette consommation massive et précoce pourrait avoir des conséquences sur le comportement à venir des mineurs, voire sur leur santé mentale.
Contenus pornographiques : des jeunes appellent "pour nous dire qu'ils ont été perturbés"
D’après Samuel Comblez, psychologue de l'association e-Enfance qui gère la ligne d'écoute 3018 sur les violences et les usages numériques, les enfants qui "sortent de l'école primaire n'ont pas la maturité pour voir ces images, conçues pour des adultes. Certains sites montrent des images scatophiles, zoophiles, font la promotion de l'inceste, des images agressives vis-à-vis des femmes. Et tout cela est aujourd'hui accessible en trois clics". Sur la ligne 3018, "on a des jeunes qui nous appellent pour nous dire qu'ils ont été perturbés", et qui "se taisent", car il leur est "difficile de dire à leurs parents qu'ils sont allés voir des sites pornographiques".
Saisie par des associations, l'Arcom a mis en demeure 15 sites pornographiques pour qu’ils mettent en place des mesures pour contrôler l’âge des visiteurs. L’autorité a aussi saisi la justice pour obtenir le blocage de sept d'entre eux, dont Pornhub. Le 7 juillet prochain, le tribunal judiciaire de Paris doit prendre une décision.