Le muscle cardiaque est principalement composé de cellules appelées cardiomyocytes. Au début de leur développement, elles brûlent principalement du glucose et de l'acide lactique, des sources d'énergie qui sont facilement accessibles dans l'environnement de l'embryon. Cependant, une fois matures, elles brûlent des acides gras, qui sont stockés dans les tissus adipeux.
Le mécanisme entourant ce changement de sources d'énergie reste mystérieux. Des chercheurs du Centre national de recherche cardiovasculaire de Madrid (Espagne) viennent de faire une découverte à ce sujet.
Cœur : l'acide gamma-linolénique, clé des changements ?
Pour comprendre les étapes menant au changement de source d'énergie dans les cellules musculaires cardiaques, les chercheurs espagnols ont travaillé avec des souris. Ils ont découvert que la molécule appelée acide gamma-linolénique (ou AGL), présente dans le lait maternel des souris et des humains, jouait un rôle crucial dans cette transformation.
Selon leur étude parue la revue Nature le 24 mai 2023, la molécule se lie aux récepteurs X de rétinoïdes présents dans cardiomyocytes. Cette action conduit les cellules de muscle cardiaque des souriceaux à passer à l'autre source d'énergie, les acides gras. Ce changement se produit dans les 24 premières heures suivant la naissance, ont constaté les auteurs de l'étude.
Le lait maternel, moteur majeur de la physiologie
Cette découverte pourrait permettre une meilleure compréhension de la façon dont le cœur se développe chez les nouveau-nés. L'auteur principal de la recherche, Mercedes Ricote, explique dans son étude "Nos résultats renforcent l'idée émergente selon laquelle les interactions mère-enfant au début la vie sont des moteurs majeurs de la physiologie de l'organisme et soulignent l'importance du lait maternel pour la maturation mitochondriale des cœurs périnatals, une découverte ayant des implications majeures pour la santé cardiaque".
En l'état des données scientifiques recueillies actuellement, la scientifique et son équipe reconnaissent dans un communiqué qu'ils "ne peuvent pas généraliser leur découverte à l'Homme". Toutefois, d'autres scientifiques "pourront utiliser ces connaissances pour aller plus loin" dans l'étude du fonctionnement du cœur et des traitements des pathologies cardiaques.