En 2008, Sandrine, âgée de 23 ans à ce moment-là, a appris qu’elle était atteinte du lymphome de Hodgkin, qui se manifeste par une augmentation de volume des ganglions lymphatiques. Pour soigner son cancer, elle reçoit une première série de chimiothérapie. Problème : le traitement ne fait pas effet. Ainsi, son oncologue élabore un nouveau traitement plus puissant et plus toxique. L’un des effets secondaires est d’entraîner un dommage important des ovaires et une altération de sa fertilité, selon les Hôpitaux universitaires de Marseille.
Fertilité et cancer : un ovaire entier prélevé et un tissu ovarien congelé
"C’est ma maman qui au départ a posé la question de la fertilité à l’oncologue. De mon côté je n’y aurais jamais pensé. J’étais à l’époque focalisée sur le cancer et le combat qu’il allait falloir mener contre lui. Je lui suis aujourd’hui infiniment reconnaissante d’avoir su voir au-delà", a raconté Sandrine. Pour qu’elle puisse devenir maman un jour, les médecins lui ont prélevé un ovaire entier par coelioscopie et lui ont congelé le tissu ovarien contenant les gamètes, qui doit être extrait avant 36 ans, afin qu’elle puisse y avoir recours après une rémission. "À partir de 2012, chaque année, je faisais une prise de sang pour contrôler où en était ma réserve ovarienne, ainsi qu’une échographie pour observer s’il y avait ou non des follicules."
Une greffe de tissu ovarien, "une technique qui avait déjà montré de très bons résultats"
Dix ans plus tard, soit en 2019, la patiente et son compagnon décident d’avoir un enfant et se rapprochent du professeure Blandine Courbiere pour savoir ce qui peut être mis en œuvre pour qu’ils aient une chance de devenir parents. "Sandrine présentait une insuffisance ovarienne prématurée. Nous lui avons proposé de réaliser une greffe d’une partie des fragments de tissus prélevés en 2009. C’est une technique qui avait déjà montré de très bons résultats dans d’autres études en France et à l’international, mais c’était une première à Marseille."
FIV : la patiente tombe enceinte de jumeaux après plusieurs stimulations hormonales
En décembre, la greffe est réalisée. Cette transplantation a permis de rétablir dès avril 2020 sa fonction ovarienne endocrine et ses règles. Un an et demi plus tard, une seconde greffe est effectuée face à l’absence de grossesse et l’épuisement des greffons. La professeure Blandine Courbiere et son équipe proposent ensuite au couple de faire une FIV, qui échoue car Sandrine ne réagissait pas à la stimulation hormonale.
Après plusieurs tentatives, elle réagit un peu mieux à la stimulation. "Deux follicules matures sont ponctionnés et mis en culture. Les deux follicules sont fécondés et transférés le 28 juin 2022. 14 jours plus tard, le test de grossesse est positif. Une échographie réalisée de manière anticipée montre que Sandrine est enceinte de jumeaux", peut-on lire dans le communiqué de l’établissement hospitalier.
En février, elle accouche d’un garçon et d’une fille avec un mois d’avance
Cette grossesse, qui était une bonne nouvelle, a suscité des craintes. La patiente a dû être hospitalisée par crainte d’accouchement prématuré. "J’ai finalement accouché le 27 février de mes deux petits jumeaux, un garçon et une fille, avec seulement un mois d’avance. Nous les appelons nos deux petits miracles. C’est un parcours assez extraordinaire quand on y pense. L’accueil, la prise en charge et l’accompagnement ont toujours été excellents. Ce qui nous a manqué peut-être c’est un suivi psychologique, qui nous aurait aidés à traverser ces épreuves, individuellement et aussi pour notre couple."