De plus en plus d’enfants souffrent de myopie. Ce trouble de la vue se caractérise par une mauvaise vision de loin. Le port de lunettes permet de ralentir son évolution, mais des chercheurs ont trouvé une technique prometteuse. Cette équipe de l’université de l’Ohio a démontré dans un essai clinique qu’un traitement médicamenteux permettait de freiner la progression de la myopie. Leurs résultats sont publiés dans JAMA.
Atropine : une solution qui a déjà montré son intérêt dans le traitement de la myopie
Des études sur des animaux ont déjà montré, il y a longtemps, que l’atropine, une solution injectable, pouvait ralentir l’allongement de l’oeil. Mais les essais ont ensuite été ralentis car elle engendrait des troubles de la vue de près et une dilatation des pupilles.
Dans cette nouvelle recherche, les scientifiques américains ont travaillé sur des dosages plus faibles. "Ce nouvel essai de phase 3 a évalué l'innocuité et l'efficacité de deux solutions à faible dose, avec des concentrations d'atropine de 0,01 % ou 0,02 %, par rapport à un placebo, précisent-ils dans un communiqué. Le traitement pour chacun des 489 enfants âgés de 6 à 10 ans, recrutés pour tester pour l'efficacité du médicament, consistait en une goutte quotidienne par œil au coucher, ce qui minimisait les risques d’effets de flou que l'atropine peut avoir sur la vision."
Une solution faiblement dosée efficace pour ralentir la myopie
Les chercheurs ont fait un constat surprenant : les améliorations les plus significatives par rapport au placebo concernaient la solution contenant 0,01 % d'atropine. "Bien que la formulation d'atropine à 0,02 % soit également plus efficace pour ralentir la progression de la myopie que le placebo, les résultats étaient moins cohérents", observent-ils. La solution faiblement dosée avait des effets positifs sur le ralentissement de la croissance de l’œil et sur la diminution de la prescription de lunettes.
La sécurité de ce médicament a été évaluée dans un second essai, rassemblant un échantillon plus large de 573 participants, âgés de 3 à 16 ans. "Les deux formulations à faible dose étaient sûres et bien tolérées, notent les auteurs. Les effets secondaires les plus courants étaient la sensibilité à la lumière, la conjonctivite allergique, l'irritation des yeux, les pupilles dilatées et la vision floue, bien que les signalements de ces effets secondaires aient été peu nombreux."
Myopie : une prise en charge qui réduit le risque de déficience visuelle
Selon les auteurs, environ un adulte sur trois dans le monde est myope, et la prévalence mondiale de la myopie devrait atteindre 50 % d'ici 2050. "Bien qu'une lentille de contact approuvée par le gouvernement fédéral puisse ralentir la progression de la myopie, aucun produit pharmaceutique n'est approuvé aux États-Unis ou en Europe pour traiter la myopie", rappellent-ils. Or, empêcher l’allongement du globe oculaire pourrait à la fois ralentir la myopie mais aussi réduire le risque de déficience visuelle plus tard, lorsque ces enfants seront des personnes âgées, comme le décollement de la rétine, la dégénérescence maculaire, la cataracte ou le glaucome. "C'est enthousiasmant de penser qu'il pourrait y avoir des solutions à l'avenir pour des millions d'enfants dont nous savons qu'ils seront myopes", estime Karla Zadnik, autrice principale de l’étude.