A l’occasion de l’application de la disposition de la loi "pouvoir d’achat" permettant aux ménages de résilier leurs abonnements "en 3 clics", l’Ifop publie une grande enquête sur l’ampleur des difficultés financières actuelles des Français qui met en lumière les effets néfastes de l’inflation sur leur santé physique et mentale.
Réduction des dépenses alimentaires
Réalisée pour le site MonPetitForfait auprès de 1 500 personnes, cette étude montre d’abord que plus d’un Français sur deux (58%) a réduit ses dépenses alimentaires pour des motifs financiers ces douze derniers mois, soit deux fois plus que ce que l’Ifop pouvait mesurer en 2007 (29%). Et par manque d’argent, un Français sur deux (51%) en vient même à "sauter des repas" régulièrement ou occasionnellement, soit une hausse de 7 points depuis juin 2022.
D’autres dépenses relatives au bien-être physique sont rognées. Ainsi, l’abonnement à une salle de sport (40%) est le premier type de contrat que les Français résilieraient s’ils le pouvaient à partir du 1er juin. Par ailleurs, 41% des Français ont reporté certaines dépenses de santé ces 12 derniers mois, soit quasiment deux fois plus qu’il y a une quinzaine d’années lors de la dernière crise inflationniste (25% en 2007).
Détresse psychologique
Enfin, l’inflation a des conséquences sur la santé mentale des Français. "Insécurité financière et détresse psychologique apparaissent liées si l’on en juge par la proportion de Français avec moins de 100 € le 10 du mois dans les rangs des personnes affectées de pensées suicidaires : 47%, soit deux fois plus que chez celles qui n’en souffrent jamais (28%)", peut-on lire dans le rapport de l’Ifop.
"Il est évident que les restrictions de niveau de vie imposées par cette crise du pouvoir d’achat agissent fortement sur la santé mentale des plus vulnérables, sans doute parce que l’incapacité à accéder à certains standards de consommation génère un sentiment de déclassement qui contribue à dégrader l’image que les personnes se font d’elles-mêmes", analyse l’expert de l’Ifop François Kraus. "En effet, leur écart par rapport à la norme commune d’accès à certains produits ou services ne peut que renforcer un sentiment de dévalorisation qui peut déboucher sur des formes de détresses psychologiques graves telles que la dépression ou des idées suicidaires" poursuit-il. Et de conclure avec justesse : "comme l’explique Claude Halmos, les produits même « superflus » sont indispensables à la santé psychologique des gens, car ils leur apportent un plaisir, nourrissant ainsi un « désir de vivre qui, privé de ce plaisir, s’amoindrit toujours »".