- La formation des métastases est encore assez mystérieuse. Une étude de l'université de la Ruhr à Bochum a fait une avancée de taille sur ce point.
- Les cellules cancéreuses agressives, responsables de la propagation des métastases, parviendraient à se développer en cachant leur identité.
- Cette découverte pourrait aider à l'élaboration de nouveaux traitements contre le cancer du sein métastatique, selon les chercheurs.
Pour la plupart des types de cancer, la tumeur primaire n'est pas la cause du décès : ce sont les métastases, soit la dissémination des cellules cancéreuses dans le corps. Le développement de ces nouvelles tumeurs malignes était jusqu'ici assez mystérieux.
Des travaux du Skin Cancer Center à l'université de la Ruhr à Bochum, publiés dans la revue Cell Reports le 30 mai 2023, permettent de mieux comprendre leur fonctionnement.
Métastase : les cellules épithéliales propagent la maladie
En étudiant des cellules de cancer du sein, les chercheurs ont découvert que ces cellules cancéreuses agressives parviennent à se développer en modifiant leur identité. Ils les ont plus particulièrement observé lors de la transition épithélio-mésenchymateus (une des premières étapes qui mène à la formation de métastases). Les scientifiques ont alors repéré que l'activation de ce programme, surnommé aussi TEM, modifie l'identité des cellules cancéreuses. Les cellules cancéreuses épithéliales deviennent plus mobiles en prenant des propriétés des cellules mésenchymateuses (cellules souches, NDLR).
"Fait important, les chercheurs ont découvert que des cellules cancéreuses épithéliales et mésenchymateuses étaient présentes dans les biopsies métastatiques. Cependant, seules les cellules épithéliales ont propagé la maladie et initié de nouvelles métastases dans des modèles expérimentaux", expliquent les scientifiques dans leur communiqué.
Les cellules cancéreuses utilisent la plasticité pour favoriser la croissance métastatique
Les scientifiques ont par ailleurs remarqué que la conservation de l'identité épithéliale des cellules ou la reprogrammation des cellules à un état mésenchymateux lors de la TEM reposaient sur deux protéines : ZEB1 et GRHL2. Elles déterminent la voie que prennent les cellules cancéreuses du sein lors de l'activation de la transition épithélio-mésenchymateuse.
Cette découverte montre que les cellules cancéreuses utilisent la plasticité (la capacité de changer des propriétés) pour adopter des propriétés qui favorisent la croissance métastatique. Cela pourrait aider à l'élaboration de méthodes de traitement plus efficaces contre le cancer du sein métastatique selon les chercheurs.
"Il existe encore des données contradictoires sur le rôle exact de la TEM dans les métastases", a ajouté la Dr Christina Scheel, auteure principale. "Nous pensons que notre découverte a le potentiel d'unifier bon nombre d'entre elles en décrivant un nouveau mécanisme en jeu".