Tout comme la quantité, la qualité du sommeil est variable en fonction de la personne, de la période de vie, de l'environnement... mais aussi des intestins ! En effet, dans une nouvelle étude publiée dans la revue Cell, des chercheurs expliquent l'un des mécanismes biologiques qui distingue les personnes qui ont un sommeil très profond de celles qui en ont un très léger. Selon eux, c'est la présence de CCHa1, une protéine synthétisée à la fois par les cellules du cerveau et intestinales, qui ferait toute la différence... Et sa présence est en lien direct avec l'alimentation.
Un sommeil léger sans CCHa1
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont travaillé sur des petites mouches appelées drosophiles. Ils ont d'abord éliminé CCHa1 de leur cerveau et de leur intestin. Mais ils ont rapidement découvert que son élimination dans l'intestin était suffisante pour avoir un impact sur le sommeil.
Ainsi, dans un second temps, ils ont bloqué l'expression de CCHa1 au niveau intestinal chez certaines mouches alors que, chez d'autres, ils l'ont au contraire multiplié. Ensuite, ils ont testé la qualité de leur sommeil en les soumettant à des vibrations quand elles dormaient.
Résultats : les premières –sans CCHa1- avaient un sommeil très léger, ce qui signifie qu'elles se réveillaient avec de simples vibrations, alors que les autres avaient un sommeil plus profond : il fallait de fortes vibrations pour les réveiller.
Les protéines stimulent la production de CCHa1
CCHa1 est donc la clé pour bien dormir et, bonne nouvelle, on peut favoriser sa production grâce à l'alimentation.... en mangeant des protéines. En effet, les chercheurs ont observé que les protéines alimentaires augmentaient les niveaux de CCHa1 dans l'intestin des mouches et les rendaient moins sensibles aux vibrations pendant leur sommeil. Autrement dit, la production de CCHa1 est boostée par un apport en protéines et le sommeil est ainsi plus profond. En revanche, le sucre ou les matières grasses que les scientifiques ont aussi testés, n'ont eu aucun impact.
Mais comment CCHa1, présente au niveau des intestins, influence-t-elle le sommeil ? La protéine communique avec des neurones dopaminergiques du cerveau qui modulent la réactivité aux vibrations. C’est pour cette raison que les mouches ont été réveillées par les vibrations, mais qu'elles continuaient à dormir lorsqu'elles étaient soumises à des variations de température par les scientifiques.
À l'avenir, l'équipe compte poursuivre ses recherches afin de peut-être découvrir d'autres protéines impliquées dans d'autres éveils : variation de température, sons, etc. Ils travailleront aussi pour savoir si ces résultats, observés chez la mouche, seraient transposables à l'homme.