En ce mois des fiertés - dont l’objectif est de célébrer les communautés LGBTQ+ et lutter contre les discriminations - une étude londonienne montre que le travail reste important pour protéger la santé mentale et physique des personnes homosexuelles et bisexuelles. Selon les résultats publiés dans la revue Social Psychiatric Epiemiology le 9 juin 2023, elles ont plus de risques d'avoir des pensées suicidaires.
Deux fois plus de pensées suicidaires chez les homosexuel.le.s
Après avoir étudié les données combinées de deux enquêtes menées auprès de 10.443 adultes anglais entre 2007 et 2014, les chercheurs ont mis en évidence que les lesbiennes et les gays ont deux fois plus de risques d’avoir des pensées suicidaires que les hétérosexuel.le.s. Ils sont aussi plus susceptibles d’avoir recours à l’automutilation. Il en était de même pour les bisexuels. Les scientifiques ont, par ailleurs, constaté que la dépression, l'anxiété et les expériences de discrimination ou d'intimidation peuvent contribuer en partie à ces risques accrus.
Autre point inquiétant : il n’a été enregistré aucune baisse sur ces disparités de santé mentale entre 2007 et 2014.
"Alors que les enquêtes nationales sur les attitudes britanniques à l'égard des relations homosexuelles suggèrent que la société est devenue plus tolérante envers les personnes homosexuelles, lesbiennes ou bisexuelles, il reste clairement un long chemin à parcourir, car les résultats de santé mentale que nous étudions ne se sont pas améliorés au cours de notre période d'étude", s’alarme l'auteure principale Dr Alexandra Pitman dans un communiqué.
LGBTQ+ : les discriminations vécues impactent la santé mentale
Alors qu’ils avaient déjà remarqué une probabilité accrue de dépression, d'anxiété, d'abus d'alcool et de toxicomanie chez les adultes homos ou bi lors de précédents travaux, les chercheurs ont constaté dans cette étude que la moitié des homosexuels interrogés avaient été victimes d'intimidation au cours de l'année écoulée. De plus, un sur cinq a dû faire face à des discriminations fondées sur son orientation sexuelle. Pour les bisexuels, près de la moitié ont souffert d'intimidation et un sur dix a été victime de discrimination.
"Les personnes appartenant à une minorité sexuelle continuent d'être confrontées à plus de discriminations et d'intimidations que les hétérosexuels et sont également plus susceptibles d'éprouver des problèmes de santé mentale courants tels que la dépression et l'anxiété. Notre étude suggère que ces expériences de discriminations et d'intimidations peuvent avoir joué un rôle dans l'augmentation du risque de suicide et cela nécessite des recherches supplémentaires", indique la chercheuse.
"Les cliniciens doivent être conscients de ces problèmes, afin que nous puissions mieux soutenir la santé mentale des patients LGB, tandis que la société dans son ensemble a aussi un rôle à jouer pour aider à réduire la discrimination. Les organismes gouvernementaux, les écoles, les lieux de travail et les individus devraient tous tenir compte de leurs propres cultures et attitudes à l'égard des personnes appartenant à des groupes de minorités sexuelles et lutter contre les comportements discriminatoires", estime l’experte.
Pour les chercheurs, leurs résultats s'ajoutent à “une image inquiétante” des inégalités de santé rencontrées par la communauté homo et bi. "Nos services de santé doivent être améliorés pour répondre aux besoins des personnes LGBTQ+, car certaines peuvent ne pas se sentir à l'aise de divulguer leur orientation sexuelle, ce qui peut entraver la compréhension de leurs besoins sanitaires et sociaux. Nous devons également offrir davantage de services de santé mentale spécifiquement destinés aux personnes LGBTQ+, idéalement parallèlement à un soutien communautaire", estime Garrett Kidd qui a aussi travaillé sur la recherche.