- Le glioblastome est une forme aggressive de cancer du cerveau.
- Des chercheurs ont découvert que ces tumeurs rendent les neurones hyperactifs ce qui leur permet d’accélérer leur croissance.
- Un traitement pourrait permettre de contrer cet effet et d’améliorer les symptômes et l’espérance de vie des personnes atteintes.
Le glioblastome est une tumeur du cerveau particulièrement agressive. Il "reste un cancer difficile à traiter", observe l’Institut national du cancer. Le taux de survie à 5 ans est de 7 %. Une équipe de l’université de San Francisco aux États-Unis espère que ses découvertes permettront d’améliorer ce chiffre. Les chercheurs américains ont identifié un mécanisme de développement de la tumeur, fortement lié aux neurones, et une manière de le contrer. Dans la revue spécialisée Nature, ils développent leurs résultats.
Glioblastome : un cercle vicieux permet la croissance des tumeurs
Cette étude part d’un constat : il existe un cercle vicieux qui permet aux tumeurs de croître. Les cellules cancéreuses produisent des substances qui peuvent reproduire l’action des neurotransmetteurs. "Cet apport 'supplémentaire' de neurotransmetteurs incite les neurones à devenir hyperactifs, ce qui stimule ensuite la croissance des cellules cancéreuses", expliquent les auteurs de l’étude. Dans ces nouveaux travaux, l’équipe californienne a cherché à comprendre les conséquences de ce cercle vicieux sur le comportement humain et la cognition. Pour y parvenir, les scientifiques ont recruté des volontaires en attente d'une intervention chirurgicale pour un glioblastome. Pour toutes ces personnes, la tumeur avait infiltré la région du cerveau contrôlant la parole. Juste avant d’opérer, Shawn Hervey-Jumper, le directeur de cette étude, a placé une grille composée de minuscules électrodes sur la surface de cette zone cérébrale. Il a aussi montré des images aux volontaires et leur a demandé de nommer ce qu'ils voyaient.
Tumeur au cerveau : un impact sur de multiples zones
L’équipe de recherche a comparé les résultats obtenus avec ceux tirés de régions cérébrales non atteintes par la tumeur chez ces mêmes participants. "Les régions cérébrales infiltrées par la tumeur des participants utilisent un réseau neuronal plus large de zones cérébrales pour identifier ce que les participants voient", notent les auteurs. Ils expliquent que les cellules cérébrales liées à la tumeur sont tellement endommagées que d'autres doivent être recrutées plus loin pour effectuer les tâches qui étaient auparavant contrôlées par une zone plus petite. En fait, la tumeur ne correspond pas seulement au décès des cellules, mais elle est fortement liée au système nerveux et entretient des liens avec les cellules autour d’elle. "C'est cette interaction entre les cellules qui cause le déclin cognitif associé au cancer du cerveau, plutôt que l'inflammation et la pression de la croissance tumorale, comme le pensaient les scientifiques jusqu’ici", estiment les auteurs.
Glioblastome : la piste d’un traitement ?
Ces nouvelles découvertes sur le fonctionnement des tumeurs cérébrales offrent des perspectives de traitement. Dans leur essai, les chercheurs de l’université de San Francisco ont testé la gabapentine, utilisée dans le traitement de l’épilepsie, chez des souris. "La gabapentine a empêché la tumeur de se développer, explique la co-autrice de l’étude Saritha Krishna. Cela nous fait espérer que la combinaison de la gabapentine avec d'autres thérapies contre le glioblastome pourrait contrer une partie du déclin cognitif que nous constatons chez les patients et peut-être améliorer leur espérance de vie." Mais l’équipe estime aussi que cette recherche transforme la manière d’envisager le cancer. Cette connaissance des réseaux de communication entre les cellules pourrait devenir une cible pour le traitement d’autres formes de cancer.