La pilule est le mode de contraception le plus utilisé en France. Toutefois, son nombre d'utilisatrices tend à diminuer depuis plusieurs années compte tenu des craintes et de la méfiance que suscite le traitement hormonal, comme la prise de poids ou un risque accru de thrombose. Une nouvelle étude menée par l'Université d'Uppsala en Suède vient ajouter une nouvelle préoccupation : la pilule combinée augmenterait les risques de souffrir d'une dépression.
Dépression : les adolescentes qui prennent une pilule combinée ont plus de risque
Les chercheurs de l'Université d'Uppsala en Suède ont repris les données de la cohorte UK Biobank, qui a suivi plus de 260.000 femmes pour évaluer les effets de la pilule contraceptive. Les résultats ont montré que les patientes qui prenaient des pilules contraceptives combinées (contenant un progestatif et des œstrogènes) avaient 73 % plus de risque de souffrir de dépression au cours des deux premières années d'utilisation. L'incidence des symptômes dépressifs grimpait à 130 % si elles avaient commencé à la prendre à l'adolescence (contre 93 % à l'âge adulte).
Les scientifiques ont également pu constater que l'augmentation de l'incidence de la dépression diminuait après deux ans d'utilisation de la pilule contraceptive. Toutefois, les jeunes filles présentaient toujours un risque accru d'avoir des symptômes dépressifs même après avoir cessé le traitement contraceptif, contrairement aux utilisatrices adultes.
"Il est important de souligner que la plupart des femmes tolèrent bien les hormones externes, sans ressentir d'effets négatifs sur leur humeur. Les pilules contraceptives combinées sont donc une excellente option pour de nombreuses femmes (...). Cependant, certaines peuvent avoir un risque accru de dépression après avoir commencé à utiliser des pilules contraceptives", explique Therese Johansson du Département d'immunologie, de génétique et de pathologie de l'Université d'Uppsala et qui a travaillé sur l'étude parue dans Epidemiology and Psychiatric Sciences, le 12 juin 2023.
Pilule contraceptive : il faut mieux informer les patientes sur les effets secondaires
Les résultats de cette étude sont clairs : les professionnels de santé doivent être plus conscients des liens possibles entre la dépression et l'utilisation de pilules contraceptives. Pour l'équipe responsable de ces travaux, ll est donc nécessaire d'informer les patientes des possibles effets secondaires de leur contraception avant de commencer le traitement. De plus, les femmes doivent être encouragées à consulter leur médecin si elles ressentent des symptômes de dépression après avoir commencé à prendre la pilule contraceptive.
"Étant donné que nous n'avons étudié que les pilules contraceptives combinées dans cette étude, nous ne pouvons pas tirer de conclusions sur d'autres options contraceptives, telles que les mini-pilules, les patchs contraceptifs, les anneaux vaginaux... Dans une étude future, nous prévoyons d'examiner différentes formules et méthodes d'administration. Notre ambition en comparant différentes méthodes contraceptives est de donner aux femmes encore plus d'informations pour les aider à prendre des décisions éclairées sur leurs options contraceptives", prévient la chercheuse dans un communiqué.