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Dans le journal Le Monde

Cancer : pourquoi Dominique Bertinotti parle de cette épreuve

Depuis 9 mois, Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, souffre d'un cancer du sein. Un secret qu'elle a décidé de rompre pour faire évoluer le regard de la société

Cancer : pourquoi  Dominique Bertinotti parle de cette épreuve MEUNIER AURELIEN/SIPA




Les Etats-Unis célèbrent ce 22 novembre les cinquante ans de l'assassinat de John F. Kennedy, un président ultra-populaire qui pourtant, tout au long de sa vie, avait menti aux Américains en dissimulant les multiples pathologies dont il souffrait. Question d'époque et de mentalité sans doute. Car ce vendredi, la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, parle publiquement de sa maladie. Dans une longue interview qu'elle a accordé au journal Le Monde, la ministre dévoile qu'elle est atteinte d'un cancer du sein dont elle souffre depuis plusieurs mois. Une pathologie qu'elle avait choisi de cacher pour des raisons aussi bien personnelles que politiques. Mais aujourd'hui, Dominique Bertinotti raconte tout, l'annonce de la maladie, les traitements, les doutes... 

La mammographie de routine 
Tout commence par une simple mammographie de routine au mois de février 2013. En plein projet de loi sur le mariage pour tous au Parlement, Dominique Bertinotti peine à trouver une date pour cet examen. Entre la première lecture à l'Assemblée nationale et celle du Sénat, il reste le 22 février. Ce jour là, le radiologue lui indique que « les images sont très suspectes, il faut analyser les tissus, vite. »
La suite ne sera qu'une confirmation de ces craintes. S'en suit un premier rendez-vous à l'Institut Curie le 28 février où son protocole de malade de cancer du sein lui sera détaillé : chimiothérapie, chirurgie, radiothérapie. Puis le 1er mars, c'est la pose du cathéter, et le lendemain, la première chimiothérapie.
Une vie de malade dont elle ignore tout et qui deviendra très vite son quotidien. « Je n'avais rien, aucun signe. Et puis à un moment, sans transition, vous devenez un malade. Vous entrez bien portante, vous ressortez dans un autre monde. Ça vous tombe dessus et ça ne s'arrête plus, les examens, l'IRM, les sueurs froides, les résultats qui font peur. Vous prenez tout sur la tête », raconte-t-elle au journaliste.

Le secret lors des premiers mois 
Durant les premières jours qui suivent l'annonce de la maladie, Dominique Bertinotti ne dira rien. Ni à Jean-Marc Ayrault, le premier ministre, ni à sa ministre de tutelle à la Santé, Marisol Touraine. C'est juste au lendemain de sa première séance de chimiothérapie qu'elle brisera un peu ce silence en demandant un entretien privé et « pour raison personnelle » à François Hollande. Au président de la République, elle se contentera de quelques mots simples : « J'ai un cancer. Je suis entrée dans une phase de traitement. Je souhaite que cela reste strictement entre nous. » Un secret que le président et quelques proches de la ministre seront les seuls à connaître pendant plusieurs mois.
En effet, les cheveux qui tombent par touffes, la perte des ses ongles, les sourcils qui disparaissent, le goût qui s'estompe, tous ces effets secondaires de la chimio, la ministre les a dissimulés jusqu'à aujourd'hui.

Les raisons d'un coming out
Car à présent, Dominique Bertinotti a fait un choix courageux, celui de divulguer son cancer du sein aux Français. Un choix fort puisque Dominique Bertinotti a même déclaré que d'ici peu, elle allait enlever la perruque qu'elle porte depuis plus de huit mois. Avec sa dernière séance de radiothérapie cette semaine, elle  affirme vouloir parler maintenant de la maladie. Cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord, «  pour aider à faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène. Mais aussi, pour montrer qu'on peut avoir un cancer et continuer une vie au travail. Cela pour que les employeurs comprennent que la mise en congé longue maladie n'est pas forcément la meilleure des solutions », rajoute-t-elle. 

Enfin, la ministre souhaite que l'on réfléchisse sur « les inégalités face au coût des traitements de confort, comme le vernis spécial pour les ongles ou la perruque, qui sont si importants. » Aujourd'hui, Dominique Bertinotti qui espère être bientôt définitivement guérie de la maladie, et vivre « la quille », comme elle le raconte, reconnaît aussi qu'elle n'oubliera jamais cette épreuve. « C'est une maladie qu'on ne peut pas oublier. Ministre, pas ministre, ça vous atteint dans votre chair », conclut-elle.

En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, avec environ 52 000 nouveaux cas chaque année. Il est responsable d’environ 11 500 décès par an. Le plus souvent, les cancers du sein sont diagnostiqués chez des femmes de plus de 50 ans. Et, même si leur nombre a tendance à augmenter depuis trente ans, les progrès du dépistage et des traitements font que le taux de survie après un cancer du sein augmente également tous les ans en France.




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