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Maladie chronique

Obésité : pourquoi on peut en souffrir avec un IMC normal

Par Geneviève Andrianaly

L'IMC est souvent utilisé pour évaluer la santé métabolique des patients mais il ne suffirait pas à lui seul.

Liudmila Chernetska/iStock
L’IMC n'est pas une mesure complète de la santé métabolique.
Près de trois adultes américains d'âge jeune à moyen sur quatre étaient considérés comme obèses selon le pourcentage de graisse corporelle totale.
Pour mieux comprendre leur composition corporelle et améliorer sa santé, des mesures supplémentaires, comme le tour de la taille, doivent être utilisés.

L’indice de masse corporelle (IMC) est une mesure du poids par rapport à la taille. Il est utilisé pour estimer le surpoids et l’obésité chez l’adulte. Cependant, son utilisation seule pour évaluer la santé métabolique d'une personne est insuffisante. En effet, selon une étude présentée durant le congrès de l'Endocrine Society à Chicago, une forte proportion d'adultes américains ayant un IMC normal souffrent encore d'obésité.

"Nous montrons qu'il existe des différences ethniques dans la graisse corporelle, l'IMC et la répartition de la graisse corporelle, ce qui peut fournir des preuves pour de futures recherches visant à déterminer si ces différences sont des facteurs possibles des disparités ethniques observées dans les maladies cardiométaboliques", a déclaré Aayush Visaria, chercheurs à la Rutgers Robert Wood Johnson Medical School à New Brunswick (États-Unis).

74 % des adultes sont obèses selon le pourcentage de graisse corporelle totale

Pour parvenir à cette découverte, les chercheurs américains ont identifié des personnes âgées de 20 à 59 ans et ont classé leur IMC en fonction de leur appartenance ethnique. Ensuite, ils ont estimé les probabilités d'obésité chez les participants en utilisant soit l'IMC, soit le pourcentage de graisse corporelle totale. Les auteurs ont également estimé leurs mesures moyennes d'adiposité.

D’après les résultats, près de 36 % des volontaires avaient un IMC égal ou supérieur à 30, ce qui est considéré comme obèse. Cependant, 74 % des participants souffraient d'obésité selon le pourcentage de graisse corporelle totale. Dans le détail, parmi les adultes ayant un IMC normal, 44 % des Blancs non hispaniques, 27 % des Noirs, 49 % des Hispaniques et 49 % des Asiatiques souffraient d'obésité selon le pourcentage de la masse corporelle.

L’équipe a également constaté des différences en fonction de l'ethnie des participants. En effet, les Américains d'origine asiatique et les Hispaniques ayant un IMC apparemment normal étaient plus susceptibles de souffrir d'obésité et d'avoir une plus grande proportion de graisse abdominale.

Des mesures supplémentaires pour une meilleure évaluation de la composition corporelle

Pour comprendre pleinement les facteurs de maladies cardio-métaboliques, il faudrait ainsi inclure le pourcentage de graisse, de muscle, d'os et d'eau dans le corps, ainsi que la quantité de graisse dans l'abdomen par rapport aux cuisses.

"Nous espérons que cette étude renforcera l'idée d'une prise en compte du poids et permettra aux cliniciens d'utiliser systématiquement des mesures supplémentaires de la graisse corporelle, telles que le tour de taille ou les mesures de la graisse corporelle basées sur la bioimpédance (par exemple, les balances intelligentes), en plus de l'IMC, d'adopter des pratiques visant à prévenir les préjugés inconscients qui peuvent survenir lors de la prise en charge d'un patient et de prendre des décisions cliniques qui ne dépendent pas uniquement du calcul de l'IMC, mais plutôt d'une idée globale de la composition corporelle et de la répartition de la graisse corporelle", a conclu Aayush Visaria.