Le nombre des accidents vasculaires cérébraux (AVC) est deux fois plus élevé que celui des infarctus. Résultat, près de 130 000 Français sont victimes chaque année de ces accidents qui se caractérisent par une lésion d’une partie du cerveau, parfois mortelle. Et dans ce bilan hexagonal, de nombreuses disparités régionales apparaissent dans les taux de mortalité par AVC. C'est en effet ce que montre une étude présentée au congrès annuel de la Société française neurovasculaire (SFNV), relayée ce jeudi par l'Agence de presse médicale (APM).
Les décès par AVC explosent dans les régions d'outre mer
Pour mener cette recherche, Christine de Peretti de l'Institut de veille sanitaire (InVS) s'est basée sur les données du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CepiDC) de l'Inserm. Elle et son équipe de chercheurs ont comparé le taux de chaque région au taux moyen de la population française. Résultat, ils ont constaté que plusieurs régions avaient des taux de décès par AVC significativement plus élevés que la moyenne nationale. C'est le cas en particulier des quatre régions d'outre-mer, avec des taux plus élevés de 83 % en Guyane, de 80,7 % à La Réunion, de 66 % en Guadeloupe et de 39 % en Martinique.
Concernant la métropole, le taux de mortalité était plus élevé de 25,5 % en Nord-Pas-de-Calais, par rapport à la moyenne nationale. Il y avait également une augmentation de près de 14 % par rapport à la moyenne en Bretagne et Limousin et de près de 10 % en Haute-Normandie.
Le taux national d'AVC a baissé de 25 % en six ans
A l'inverse, le taux de mortalité était plus bas que la moyenne de près de 20 % en Ile-de-France et de 11 % en Rhône-Alpes. Autre bonne nouvelle, en faisant une comparaison entre ces données obtenues sur 2008-10 et des données similaires de 2002-04, les chercheurs ont constaté une baisse de la mortalité par AVC dans toutes les régions de France. Mais par rapport à la moyenne de baisse, qui était de 25% sur l'ensemble du pays, cette baisse était plus marquée dans tous les DOM et en Alsace, et à l'inverse plus limitée en Nord-Pas-de-Calais, Centre et Limousin. Et Christine de Peretti de préciser que « ces disparités régionales observées à partir des certificats de décès étaient assez similaires aux disparités régionales d'hospitalisation pour AVC ». La chercheuse ne s'est toutefois pas prononcée sur les raisons pour lesquelles certaines régions sont au-dessus ou en-dessous de la moyenne nationale.
Les jeunes de plus en plus touchés
Enfin, dans une autre étude menée au CHU de Dijon, déjà relayée en exclusivité par pourquoidocteur au mois d'octobre, des scientifiques ont analysé les données du registre dijonnais des AVC sur plus de 25 ans, de 1985 à 2011.
D'après leurs données, les AVC survenant chez les personnes de moins de 55 ans seraient en augmentation en France. En trente ans, les cas d'AVC sont en hausse de 4 % chaque année pour ces sujets considérés comme jeune pour un AVC. Ainsi, parmi les 4 506 AVC survenus à Dijon dans la période étudiée, 453, soit environ 10%, concernaient des patients de moins de 55 ans.
« Ces résultats étaient similaires pour les deux sexes », précise l'équipe. Et Yannick Béjot, principal auteur de l'étude, d'estimer que cette élévation du risque d'AVC chez les personnes jeunes serait liée à une augmentation de certains facteurs de risque comme l'obésité et le diabète et surtout le tabagisme.
Il a noté également le possible rôle de la consommation de cannabis, « qui, on le sait, est responsable d'un grand nombre d'AVC chez les jeunes », confiait-il récemment à pourquoidocteur. « Nos résultats indiquent qu'une prévention primaire vasculaire est nécessaire dès le plus jeune âge» , conclut le chercheur bourguignon.