ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Greffe : un rein cryogénisé transplanté avec succès en laboratoire

Première mondiale

Greffe : un rein cryogénisé transplanté avec succès en laboratoire

Par Camille Sabourin

Des chercheurs américains ont réalisé avec succès la première greffe d'un rein congelé sur un rat.

anamejia18/istock
Des chercheurs américains ont réalisé la première greffe réussie d'un rein de rat cryoconservé.
Leur méthode utilise des nanoparticules d'oxyde de fer dispersées dans une solution cryoprotectrice. Placées dans l'organe via ses vaisseaux sanguins, ces particules réchauffent progressivement l'organe congelé de l'intérieur.
Les scientifiques indiquent qu'il faudra plusieurs années avant que la méthode soit utilisée sur l'homme. Mais, ils sont convaincus que cela pourrait être réalisé avec succès.

Chaque année, au moins 20.000 personnes ont besoin d'une transplantation. Mais, de nombreuses greffes ne peuvent être réalisés, car les organes ne peuvent pas être conservés dans la glace plus de quelques heures et n'atteignent pas les receveurs à temps. Les chercheurs de l'Université du Minnesota Twin Cities ont semble-t-il trouvé la solution pour augmenter le nombre d'organes disponibles pour les transplantations.

Greffe : des reins ont pu être "congelés" pendant 100 jours

L'équipe est parvenue pour la première fois à greffer avec succès un rein cryoconservé à des rats grâce à un processus de nano-réchauffement novateur. Cette méthode utilise des nanoparticules d'oxyde de fer dispersées dans une solution cryoprotectrice disposées à travers les vaisseaux sanguins de l'organe. Une fois activées à l'aide d'ondes électromagnétiques, ces nanoparticules parviennent à réchauffer rapidement et uniformément l'organe de l'intérieur plutôt qu'à sa surface. Les reins de rats conservés ainsi ont été stockés cryogéniquement pendant 100 jours. Ils ont ensuite été réchauffés avec succès puis transplantés chez des rats sans interventions supplémentaires. L'expérience a été réalisée avec succès sur cinq rongeurs.

"Au cours des deux à trois premières semaines, les reins n'étaient pas pleinement fonctionnels, mais au bout de trois semaines, ils se sont rétablis. Au bout d'un mois, ils étaient des reins pleinement fonctionnels qui étaient complètement impossibles à distinguer des greffes d'un organe frais", a expliqué dans un communiqué le co-auteur principal de l'étude, Erik Finger, chirurgien transplantologue et professeur de chirurgie à la faculté de médecine de l'Université du Minnesota,

Transplantation : cette méthode de conservation peut augmenter le nombre d'organes disponibles

Les avantages potentiels de la cryoconservation à long terme pour les reins humains sont nombreux, notamment l'augmentation de l'utilisation des organes donnés, l'amélioration de l'appariement donneur-receveur, l'activation des protocoles de tolérance immunitaire et l'amélioration de la préparation et de la planification des procédures. En effet, cette méthode pourrait offrir une alternative prometteuse à la conservation traditionnelle, permettant de stocker des organes pour des transplantations à long terme et ainsi de sauver des vies humaines.

"C'est la première fois que quelqu'un publie un protocole robuste pour le stockage à long terme, le réchauffement et la transplantation réussie d'un organe conservé fonctionnel chez un animal", a déclaré le co-auteur principal, John Bischof, professeur de génie mécanique et directeur de l'Institut d'ingénierie en médecine de l'Université du Minnesota. "Toutes nos recherches sur plus d'une décennie et celles de nos collègues sur le terrain ont montré que ce processus devrait fonctionner, puis qu'il pourrait fonctionner, mais maintenant, nous avons montré qu'il fonctionne réellement.", se félicite-t-il.

Si les scientifiques reconnaissent qu'il faudra plusieurs années avant qu'un organe cryoconservé ne soit transplanté chez l'homme, ils sont convaincus que cela pourrait être fait avec succès à l'avenir. Leurs travaux ont été présenté dans la revue Nature Communications.