Plus le dépistage de la fibrillation atriale est massif, plus les diagnostics sont posés tôt et meilleures sont les chances de survie pour les patients atteints de maladie. Dans une étude présentée au congrès scientifique de la Société européenne de cardiologie (l’ACNAP), des chercheurs ont mis au point une nouvelle technique de dépistage à grande échelle… via des capteurs installés sur des chariots de courses.
La fibrillation atriale, une maladie silencieuse
Selon l’un des auteurs, ce dispositif pourrait permettre de diagnostiquer une large partie de la population, sans perturber leur quotidien. “En deux mois, nous avons identifié 39 patients qui ignoraient qu'ils souffraient de fibrillation atriale, souligne Ian Jones, dans un communiqué. Ces 39 personnes les plus à risque [de faire] un AVC [accident vasculaire cérébral] ont eu un rendez-vous chez un cardiologue.”
En France, 1 % de la population générale est atteinte de fibrillation atriale, selon l’Assurance Maladie. Et le pourcentage des personnes concernées par ce trouble du rythme cardiaque augmente avec l’âge : plus de 10 % des plus de 80 ans en souffre. Selon cette même source, 20 à 30 % des AVC sont secondaires à une fibrillation atriale. Une maladie dangereuse et qui peut pourtant rester longtemps silencieuse. Les patients le découvrent parfois trop tard, quand ils ont un AVC… L’enjeu du dépistage précoce est particulièrement important.
Un dépistage de la fibrillation atriale dans la vie quotidienne pour sauver des vies
Le dispositif mis en place par les chercheurs est simple : ils ont ainsi installé des capteurs sur des chariots de supermarché capables d’analyser la fréquence cardiaque des utilisateurs. En tout, 2.155 adultes ont participé à cet essai. Après usage de ce chariot, 220 personnes avaient soit une lumière rouge sur le capteur (si elle était verte cela signifiait que le rythme cardiaque était normal) et/ou un pouls irrégulier, suggérant une fibrillation atriale. Ensuite, un cardiologue a examiné les électrocardiogrammes (ECG) - un test qui étudie le fonctionnement du cœur en mesurant son activité électrique - des participants. Pour 115 d’entre eux, il n’y avait pas de fibrillation atriale, pour 46 les enregistrements n'étaient pas clairs et pour 59, une fibrillation atriale a été diagnostiquée.
Après des tests plus poussés, les chercheurs ont établi que seulement un quart à la moitié des personnes dépistées de fibrillation atriale avec le chariot souffraient réellement de cette maladie. Cela signifie qu'il y avait un nombre élevé de faux positifs. “Près des deux tiers des personnes [à qui nous avons proposé le chariot] étaient heureux de l'utiliser, et la grande majorité de ceux qui ont refusé étaient pressés plutôt qu’inquiets d'être surveillés, explique Ian Jones. Cela montre que la plupart des gens acceptent le principe [du chariot] et qu’il mérite d'être testé [dans le cadre] d’une étude plus large.” Selon le chercheur, dépister les gens dans une situation courante comme des courses au supermarché “est [une piste] prometteuse pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux et sauver des vies.”