- La dysphorie de genre concerne des personnes de plus en plus jeunes.
- De manière globale, la prévalence de la dysphorie de genre est plus importante.
- En France, les chiffres concernant la transphobie contredisent l’idée d’une "acception croissante des genres".
La dysphorie de genre n’est pas un trouble et encore moins une pathologie. C’est le terme utilisé par l’Association américaine de psychiatrie pour désigner la détresse des personnes dont l’identité de genre et le sexe biologique sont en inadéquation. Dans la revue spécialisée General Psychiatry, des chercheurs publient des données statistiques qui montrent qu’elle apparaît de plus en plus tôt.
Dysphorie de genre : les personnes concernées sont de plus en plus jeunes
Les chercheurs se sont appuyés sur une base de données rassemblant les dossiers médicaux anonymisés de plus de 65 millions de personnes, enregistrés entre le 30 avril 2017 et le 30 avril 2022 inclus. Les auteurs de l’étude se sont concentrés sur 42 millions de personnes âgées de 4 à 65 ans, dont 66 078 ont reçu un diagnostic de dysphorie de genre, soit l'équivalent de 155 personnes pour 100 000 habitants. "La prévalence estimée de la dysphorie de genre a considérablement augmenté entre 2017 et 2021, tandis que l'âge moyen des personnes diagnostiquées est passé de 31 ans en 2017 à 26 ans en 2021", constatent les auteurs. Ils observent une différence entre les personnes assignées au sexe féminin à la naissance et celles assignées au sexe masculin : pour les premières, l’âge moyen est de 27 ans, et de 30 ans pour les secondes. "La tendance à la hausse d'un diagnostic de dysphorie de genre chez les personnes assignées au sexe féminin à la naissance était significativement plus rapide que celle des personnes assignées au sexe masculin à la naissance, avant l'âge de 22 ans", notent-ils. Après cet âge, c’est l’inverse : la prévalence de la dysphorie de genre est plus élevée chez les personnes assignées au sexe masculin à la naissance.
Pourquoi existe-t-il des différences entre les personnes assignées au sexe masculin à la naissance et celles assignées au sexe féminin ?
Pour les auteurs, plusieurs éléments permettent d’expliquer ces chiffres. D’abord, l’âge de la puberté, de plus en plus précoce, pourrait être l’un des facteurs. Mais la puberté pourrait aussi "expliquer les différents schémas de dysphorie de genre selon le sexe", estiment les chercheurs. "Car les filles y entrent généralement avant les garçons, et c'est à la puberté que les jeunes ont tendance à demander de l'aide médicale pour des problèmes de genre", notent-ils. Cela pourrait aussi être lié à ce qu’ils définissent comme des attitudes sociales. "Les filles masculines d'âge scolaire atteintes de dysphorie de genre étant plus susceptibles d'être acceptées par leurs pairs et les garçons féminins dans la même situation plus susceptibles d'être victimes d'intimidation et de rejet", estiment-ils.
Dysphorie de genre : une acception croissante ?
Enfin, l'augmentation du nombre de personnes concernées par la dysphorie de genre est liée selon eux à la plus grande disponibilité des cliniques spécialisées et à "la prise de conscience et l’acceptation croissantes de la diversité des genres". Ils rappellent que "le développement de l'identité de genre s'appuie fortement sur les processus sociaux" et qu’il y a "maintenant une acceptation croissante des pronoms non-genrés et des noms choisis non-conformes au genre". Il faut toutefois souligner que 80 % des participants à cette étude étaient américains, ce qui limite la généralisation de ces conclusions.
Par ailleurs, les chiffres concernant la transphobie en France contredisent l’idée d’une "acception croissante des genres" : "Le nombre de cas de transphobie a augmenté de 35 % par rapport à 2020, 27 % par rapport à 2021, note SOS Homophobie dans un rapport. De plus, la proportion de personnes trans et non binaires contactant l’association est en augmentation. Celle-ci était à 13 % en 2021, et s’est élevée à 18 % en 2022."