Le trouble de la personnalité limite, borderline en anglais, est marqué par une forte instabilité et une hypersensibilité dans les relations avec les autres. En cas de rejet ou d’exclusion sociale, les personnes concernées ressentent une grande détresse. Mais les scientifiques peinent à comprendre comment ce symptôme se manifeste dans le cerveau. Dans Biological Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging, des chercheurs expliquent avoir identifié une zone cérébrale qui réagit différemment chez les personnes atteintes du trouble : le préfrontal rostro-médial.
Rejet social : les personnes borderline réagissent différemment
Ces scientifiques du City College de New York, de l'Université de Columbia et du New York State Psychiatric Institute ont recruté 23 femmes atteintes du trouble de la personnalité limite et 22 femmes non-atteintes pour former le groupe de contrôle. Différentes imageries du cerveau ont été réalisées, pendant que les participantes devaient évaluer le niveau de rejet ressenti face à des situations. "Le cerveau réagit au rejet en créant une activité préfrontale rostro-médiale, comme s'il y avait quelque chose de ‘mauvais‘ dans l’environnement, développent les auteurs. Cette activité cérébrale peut lancer une tentative pour tenter de rétablir et de maintenir des liens sociaux étroits pour survivre et prospérer." Ils ajoutent également que cette région du cerveau est activée lorsque les humains essaient de comprendre le comportement des autres à la lumière de leur état mental et émotionnel. Or chez les personnes atteintes du trouble de la personnalité limite, il n’y a pas d’activité dans le cortex préfrontal rostro-médial lorsqu'ils sont rejetés.
Trouble borderline : améliorer sa prise en charge
"L'inactivité du cortex préfrontal rostro-médial pendant le rejet peut expliquer pourquoi les personnes atteintes de trouble borderline sont plus sensibles et plus affligées par le rejet, estime Eric A. Fertuck, auteur principal de cette recherche. Comprendre pourquoi les personnes atteintes de ce trouble éprouvent une détresse émotionnelle au rejet va nous aider à développer des thérapies plus ciblées." Actuellement, la prise en charge des personnes borderline passe par la psychothérapie et par la prise de différents médicaments, notamment les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine qui sont aussi administrés aux personnes souffrant de dépression.
Le travail du scientifique et de son équipe se poursuit avec plusieurs essais en cours pour comprendre le rôle du rejet social dans différents troubles de la santé mentale, comme le stress post-traumatique, la dépression ou encore l'anxiété sociale.