Tout le monde peut se laisser convaincre par une fake news, une fausse information, mais certaines personnes sont plus à risque. Des scientifiques de l’université de Cambridge ont mis au point un test pour identifier les personnes les plus vulnérables face à la désinformation. "Le test de susceptibilité à la désinformation" est un questionnaire de deux minutes qui permet d’avoir des "indices sérieux" sur la vulnérabilité d’une personne face aux fausses informations. Dans Behavorial Research Methods, les scientifiques publient les résultats d’un essai du test réalisé aux États-Unis.
Désinformation : un outil mêlant vraies et fausses informations
Des expériences incluant plus de 8.000 personnes ont été réalisées pour valider le test. Mais en avril dernier, il a été utilisé par l’organisme de sondage YouGov dans une consultation incluant plus de 1.500 Américains. L'équipe de Cambridge a travaillé sur des outils d'évaluation pertinents permettant de trouver le bon mélange entre fausses et vraies informations pour obtenir des résultats fiables. Les exemples de vraies informations venaient notamment de l’agence de presse Reuters, et les fausses ont été créées grâce à l’intelligence artificielle, en utilisant ChatGPT. "L'intelligence artificielle a généré des milliers de fausses informations en quelques secondes, souligne le Dr Rakoen Maertens, auteur principal de cette étude sur le test appelé MIST. En tant que chercheurs dédiés à la lutte contre la désinformation, c'était révélateur et alarmant."
Fake news : qui sont les personnes les plus vulnérables ?
Dans cet essai, les participants classaient correctement environ deux tiers des informations. Mais ce résultat dépend de différents facteurs : le sondage a révélé que les plus jeunes sont moins bons que leurs aînés dans l’identification des fausses informations. Seulement 11 % des 18-29 ans, soit la génération Z et les millenials, ont obtenu un score élevé (plus de 16 titres corrects), contre 36 % pour les plus de 65 ans. "Cela va à l'encontre des idées dominantes concernant la propagation de la désinformation en ligne, qui estiment que les ‘boomers’ plus âgés et moins avertis en matière de numérique sont plus susceptibles d'être dupés par les fausses informations", observent les auteurs de l’étude. Aussi, plus une personne passe de temps en ligne à des fins récréatives, moins elle est susceptible de pouvoir distinguer les vraies informations de la désinformation. Environ 30 % de ceux qui passent moins de 2 heures en ligne chaque jour ont obtenu un score élevé, contre seulement 15 % de ceux qui y consacrent au moins 9 heures.
Le sondage a aussi permis de mettre en lumière les habitudes des participants en termes de médias : plus de 50 % des personnes qui avaient accès aux informations via des médias traditionnels avaient des scores élevés. "Les réseaux sociaux avaient les audiences les plus sensibles à la désinformation, notent les auteurs. Quelque 53 % de ceux qui accèdent à l’information via Snapchat ont obtenu des scores faibles, avec seulement 4 % obtenant des scores élevés."
Désinformation : comment lutter contre les fake news ?
"La désinformation est l'un des plus grands défis auxquels sont confrontées les démocraties à l'ère numérique", rappelle le professeur Sander van der Linden, auteur principal de cette recherche. Pour comprendre où et comment combattre au mieux la désinformation, nous avons besoin d'un moyen unifié de mesurer la sensibilité aux fausses nouvelles. C'est ce que notre test fournit." Pour autant, les auteurs estiment que face à la quantité importante de fausses informations présentes sur les réseaux sociaux, il est primordial de développer l’éducation aux médias et de réaliser une "refonte urgente" des algorithmes et de la conception des plateformes.